Huitième album, ni plus ni moins, pour un Body Count plus que jamais Merciless. Douze titres rap-métal puissants, pachydermiques ou bien plus filants, qu’ Interrogation Interlude lance en employant guitares massives et rythme syncopé. Un avant-goût court mais marquant, qui laisse place à l’éponyme Merciless. Ice-T scande sans ménagement, les chœurs sont virils et démoniaques. Les guitares trashent, à la Slayer dirai-je, et s’offrent des encarts mélodiques. Tuerie. The Purge (feat. Corpsegrinder), lui, passe la sixième vitesse. Batterie matraquée, puis retour d’une cadence parpaing dévastatrice. On alterne là, allègrement, entre les tempos. Les guitares à nouveau boulardent, assassines. Ernie-C, on le sait, n’est pas un manchot. Juan of the Dead (Juan Garcia), à la guitare rythmique, non plus. Le chant vire guttural, presque death-métal. Body Count dévaste. Psychopath (feat. Joe Bad) instaure un trash-rap hargneux, enlevé. Dans la foulée de Carnivore le groupe, au sommet, perpétue son empreinte. Les vocaux, ici, se font beuglés. Fuck What You Heard, au groove basse-batterie dément, verse de l’essence sur le brasier de la contestation. Les titres forts s’empilent, comme à la parade.
Plus loin Live Forever (feat. Howard Jones), au galop, sonne une sixième charge qui décharge. Remonté, Body Count renverse la table. On percute, là aussi, des chants rentre-dedans que des plans mélodieux contrebalancent. La puissance de frappe, renforcée par les invités, est conséquente. Do or Die démonte, sous la tchatche du leader que l’instrumentation épaule sans courbettes. Comfortably Numb, cover bien choisie, calme le jeu mais pas l’ire. Je préfère largement, toutefois, le Body Count qui de sa propre plume dessocle l’injustice. Lying Motherfucka s’y attèle d’ailleurs, ramassé et lourdement riffeur. Drug Lords (feat. Max Cavalera), boosté par l’intervenant, bastonne et mêle ses voix. Attaque en règle, incoercible.
On touche à la fin, conscient d’avoir avec soi un disque de haut vol. World War déclare la guerre, il la gagne à grand renfort de scansions et guitares perforantes. Mic Contract, ultime mitraillage volubile, venant parachever un Merciless bien nommé, sanglant et bourru, de haut niveau, qui loin de discréditer Body Count, loin de là, en renouvelle l’impact et par sa série de compositions exemptes de concessions, laisse augurer de prestations live en tir groupé inarrêtable.