Coilguns est noise, mais avec l’intelligence de ne pas s’y résumer. Originaire de La Chaux-de-Fonds, en Suisse, il a jusqu’alors sorti trois albums studio (Commuters (2013), Millenials (2018) et Watchwinders (2019)), jusqu’à ce quatrième pavé varié nommé Odd Love. Noise et post-hardcore en font la sève, coulante, généreuse. D’autres élans s’invitent, We missed the parade débute dans la vitesse et le chant hurlant. Je songe à At The Drive In, le titre est sauvage. Placeholders lui sifflote, au beau milieu d’une décharge à nouveau braillée que des notes légères atténuent. Des chœurs décorent, la mélodie arrive. Bien joué. Generic skincare, après ça, se syncope en instaurant un post-hardcore hargneux. La mélopée une fois de plus guette, éparse. Black chyme, moins trépidant, livre un canevas insidieux. Bandwagoning suit, pas loin du hip-hop dans le chant d’abord. Puis la voix se module, plus « tranquille ». Jucker performe, autour de lui même tendance. Coilguns ferraille, mais fait mouche à chaque étape. Caravel, psyché sur ses premiers pas, se bride tout en rudoyant. Coilguns, c’est un fait établi, développe sa propre posture.
Venetian blinds, de roulements de drums en ruées massives, le confirme. Featherweight avance sur un fil, subtil, mais on en pressent l’éruption. Elle survient, sur la fin, dans une chape de chant en ire. The wind to wash the pain lui succède dans le climatique ombrageux, étirant la palette du groupe. Enfin Bunker vaults s’en vient border l’ouvrage de Coilguns sur un tempo galopant, couplant allant et organes alliés au service d’un flux incoercible qui toutefois, coupe l’élan avant de rugir derechef. On en finit là, Odd Love portant de manière manifeste tout le savoir-faire acquis par les Helvètes depuis, déjà, une grosse dizaine d’années d’intégrité indéniable.
©Andy Ford