Cinquième album des londoniens de Warmduscher, Too Cold To Hold est touche-à-tout. Il étend le spectre d’influences, déjà ouvert, du sextette, et ratisse large avec succès. Délié, dansant mais aussi foutraque et percutant, il laisse An Introduction by Irvine Welsh, d’abord, narrer et intriguer, spatial. C’est avec le saccadé et lunaire Fashion Week, scandé et riffé presque funk, que le tout se vivifie et d’emblée, attire par son groove. Les sonorités fusent, le chant harangue, le délire prend forme. Excellent. Pure At The Heart, peinard, crooner déviant, se pare lui aussi de sons de choix, au gré d’une coolitude bienvenue. Top Shelf, lui, joue la carte post-punk offensif. Il file, parachevant une amorce à la valeur imprenable. Ca (s’)emballe, les guitares rutilent. Warmduscher assure une suite qui jamais ne le trahit, Body Shock et sa basse ronde marie volutes célestes et vocaux associés, dans des tons qui diffèrent. Il breake, exotique, house dans certains recoins. Le dépaysement guette, orchestré avec maitrise. Cleopatras, jazzy obscur et agile, démontre une propension à bien jouer. Il pose un refrain entêtant, des traits rock épars, une voix de Dame pas loin de la soul.
La mixture est savoureuse, Immaculate Deception lance une électro sous vitesse aux abords kraut qui à son tour, suit un sentier sinueux. Des cuivres de marque l’ornent, pour un rendu là encore élevé. Le titre rappe, d’une fusion captivante. Plus loin et dans l’entrain Out Of Body, d’énergie punk et étayage léger, s’approche d’un Sleaford Mods dans le ton vindicatif. Aussi concluant que le reste, il s’intensifie et trace sans vergogne. Warmduscher s’illustre sans discontinuer, Staying Alive entre traces lo-fi/noisy et paresse slacker en dévoile les dernières lignes dans des contours inventifs. Too Cold To Hold, éponyme, va chercher loin en termes de trip. Jazz, soul, psyché aux cuivres joliets, il vire noise sur des soubresauts inspirés. On l’écoutera sans nul doute, ce Too Cold To Hold, souvent et dans l’investissement. Weeds In The Garden, qui le termine, sème un climat flou, comme sous produit, qui semble valser hagardement. Les chants, discrets, s’en extraient. On en finit là, séduit sans autre recours par la portée de Warmduscher.
©Felipe Pagani