Après trois articles enthousiastes, relatifs à eat-girls, BaBa ZuLa et Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, sans oublier les jolis sets vus sur la Péniche la veille, c’est dans cette même disposition qu’après mon traditionnel repas au RU je pose ma remorque à la Lune, bienheureux de la prog’ du jour. Un ami m’a précédé, ayant la bonne idée d’initier sa fille encore jeune aux joies et émois du live. Pass du soir en main j’entre, dépose mon fourbi et me dégote une Pelforth parce que l’attente, je peine toujours avec. Idles lui aussi m’aide à patienter, enfin Bibi Club arrive et en duo complice livre un gig que les cris incontrôlés de certains au sein du public, pour le moins « gênants », vont tantôt irriter, engendrant regards insistants, dubitatifs, parfois interrogatifs.
Bibi Club
Deux amis, dont un fan de New Model Army, m’exposeront d’ailleurs leur exaspération. Malgré ça le live est bon, entre chant mélodieux émanant d’Adèle Trottier-Rivard (voix, claviers itou) et guitares estampillées Nicolas Basque se déploie un arsenal pop indé où rien ne flanche, teinté de notes synthétiques bien semées. M’est avis que la paire, sur les planches, joue plus rude que sur support et loin de m’en plaindre je plussoie, réchauffé par le Feu de garde des Canadiens, ses mélopées enrobées de bruit, de sucre et d’élans pensifs. A la fois belle et appuyée, la « living room party music » de Bibi Club n’est pas sans conséquences porteuses pour qui y prête l’oreille. J’y entends de la lo-fi, aussi, de par son côté (adroitement) bricolé, ce qui ne gâche rien vous le savez bien. Le moment est appréciable, apprécié, et le Friday loin d’être black s’éclaire à la lumière d’une belle entrée en matière. Nicolas ira même jusqu’à fendre la foule, pile-poil dans mon axe de prise de vue. Je l’en remercie.
Bibi Club/Corridor
La scène rapidement mue, il me tarde de voir Corridor. Ils descendent les marches, une poignée de minutes plus tard leur sensibilité en Français chantée fera mouche par ici. Le chant (em)baume, les élans crissant souillent le tout avec à propos. Là aussi, ritournelles élevées et rock pénétrant font bon ménage, les détails et gimmicks ont leur importance et émaillent un concert somme toute excellent. Post-punk nacré, penchants presque jangle et psychédélisme léger affirment le trait. Du noisy bridé, pas loin d’un Sonic Youth, s’insinue ça et là. L’allant du gig le renforce, deux individus slammeront ok ça c’est fait. La Lune, pour le coup Québécoise, a fait un choix judicieux. Elle est bien garnie, sa foule ondule et Corridor l’emplit de sonorités profitables. Il est Mimi comme tout, n’omet toutefois pas de partir à l’assaut lorsque ça lui prend. Je dodeline vivement, demain donc présentement j’aurai/j’ai mal au cou mais par l’automassage estomperai tout ça.
Corridor
On peut Mourir demain (joke), le plus tard reste le mieux et on aura au moins vécu Corridor en live. Je bougeotte, le séant mis à mal par les gradins lunaires. J’oscille encore, modère le nombre de clichés, affairé à suivre avec attention. Ce samedi c’est Witches Week, chez le père Georges, à Cité Carter. Corridor annonce trois morceaux « cadeau », comme l’arbitre dicterait le temps additionnel d’un match qui vaut le coup d’œil. C’est le cas, ça va sans dire; Corridor loin de faillir allie qualité textuelle et savoir-faire musical certain, entrelacs remuants et paquetage racé. J’en ai pour Mon Argent, j’ai beau jeu de le dire ne l’ayant pas dépensé si ce n’est au bar. Dans quelques mois mes 30 ans de Lune résonneront, la perspective a de la gueule ne trouvez-vous pas? J’y ai des souvenirs forts, celui qui à ce vendredi me lie n’est pas en reste et il justifie mes mots élogieux. Au retour, ceux qui me lisent le savent, j’irai au Proxi m’arrondir la bedaine. Puis retour au bercail, repos de mise à l’issue de ce énième temps fort vécu dans le frais persistant du novembre picard.
Corridor
Photos Will Part en Live, auteur de l’article…