Fruit de l’imagination de Vincent Bertholet, basé à Genève et fondé en 2006, Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp est un « orchestre » en constante évolution, inspiré des grands groupes africains du 20e siècle comme le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, et rendant hommage à l’artiste révolutionnaire français Marcel Duchamp. Voilà, terminé. Je blague rassurez-vous (ou pas), Ventre Unique mérite la chronique et bien plus que ça. Tout Cassé, il s’ouvre sur des airs de fanfare guillerette. Très vite les indispensables « travers » du collectif s’allient, d’instants africanisants en cuivres chauds comme la braise. C’est le bonheur, polyphonique mais pas poli, indiscipliné, marbré de sons trippants et de fulgurances façon The Ex. Breath euphorise itou, funky, joyeux, fédérateur et sur sa fin, tapageur. Coagule suit, textes dans la langue de Cyril Rool. Passages tribaux brefs, riffs secs et également épars. Ca saisit sans forcer, le barjot Dehors claque le zbeul et tape une déconnade sonique que les mots rejoignent. Fou, moqueur, structuré dans sa déstructure, Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp passionne. Son œuvre, dure à décrire, exige mille et une écoutes. Ils Disent, d’incartades en breaks joueurs, entête tant ses sons en nous se logent. Le pouvoir est là, dans une approche décalée qui conjugue folie et audace.
Tout Haut, chanté par Francois Atlas, allie son timbre avec les écarts typiques de l’helvète Orchestre. Ceci sur des tons déliés, qui soudainement prennent la tangente. Merveilleux. Chopé à la chemise je poursuis l’écoute, Color s’excite et en Anglais, offre un semis à la Talking Heads dirait-on. L’esprit est identique, Les Boeufs enchaine et je ne parviens pas à le qualifier. OTPMD échappe à la norme, dont il se tient éloigné. Petis Bouts part à l’assaut, en revient, lance à son tour des sonorités que seul Bertholet et consorts parviennent à concevoir. Ca régale sévère, Speak By The E trisse un post-punk de guitares riffeuses, d’organes folichons aussi. Smiling Like A Flower, terminal, servant une salve saccadée, rock et orchestrale version Duchamp qui loin de calmer le clan, entérine l’entière excellence de ce Ventre Unique tout bonnement phénoménal.