BaBa ZuLa, d’ Istanbul, nous revient avec son İstanbul Sokakları qui réinclut diverses mouvances, dont des éléments turcs prépondérants, pour aboutir à un patchwork passionnant. İstanbul Express Divan Taksim, le premier, ouvre le bal et le saz tire les ficelles de nouvelles terres, au gré d’une trame sans genre déterminé. Une introduction alléchante, suivie de ce Arsız Saksağan (Cheeky Magpie) au groove fatal. Les chants à deux, le trip dépaysant, les bribes dub et bruits créatifs font la différence, le titre est de plus appuyé. On ondule déjà, tant le son du quintette emmène et se différencie. Plus de six minutes d’extase sonore, montre en main et casque sur la boule qui du coup marque la mesure. Çarşı Pazar Bağlama Taksimi, ensuite, plus bref mais pas moins trippy, aux airs de prière, s’avantage. On voyage, quel que soit l’âge, au son de BaBa ZuLa. Yok Haddi Yok Hesabı (No Limit No Calculation), en pièce majeure, de bravoure, largue 11.06 de psych rock grésillant, subtil aussi, de vocaux aux tons variés, d’enflammades triturées, pour une issue splendide. A la moitié des débats, déjà, on se sent captif. BaBa ZuLa, à l’instar d’ Altın Gün ou encore Lalalar, crée son folklore, personnel, dénué de toute influence embarrassante.
Bosphorus Cura Taksim, à l’écoute, donne la sensation d’y être. Le trip est poussé, de mon siège je suis extrait. Inutile de résister, l’attraction est trop forte. Pisi Pisi Halayı, tapissage stylé, funky acidulé, fait merveille. Le racé du jeu, l’instrumentation riche et singulière contribuent à faire de ce İstanbul Sokakları un bijou musical total. Yaprakların Arasından (In Between the Leaves), sur un temps étendu, enforce le ressenti. Psyché, enlevé, fin dans ses notes, il vire au nerveux. Puis retombe, sans perdre son allure. Là encore les chants se modulent, les climats s’enchainant sans dénoter le moins du monde. Voilà un disque dont on s’imprègne sans retour, inconditionnellement. Güzel Bahçe Taksimi (Beautiful Garden Taksim) vient le finir, sur une envolée de notes au fond brumeux. Glitterbeat, label sans limites dans l’épopée, signant là une énième sortie aux nombreux pouvoirs auditifs et sensoriels dont je ne peux que vous conseiller d’abuser.