Retour du « folkeux » Raoul Vignal, dont le Shadow Bands a pour contexte le retour à Lyon, sa ville natale, une dizaine d’années après l’avoir quittée. L’évènement semble l’inspirer, sa folk quitte -un peu- les contours (trop?) intimes qu’on lui connaissait, à l’occasion par exemple de l’appuyé South, Brother. Elle continue dans le même élan à chatoyer, Icarus en ouverture le prouve dans son écrin de cristal. Le jeu est subtil, il y a toutefois davantage de « vie » dans le rendu que par le passé. Vignal trouve les sons justes, sans excès ni surcharge, au gré d’un disque charmant. Shipwrecks & Artefacts laisse sa batterie le marteler, avant de s’effacer. Le luisant perdure, on sait le Raoul capacitaire et ça ne date pas de ce jour. A Horse Named Fortune, léger, l’illustre. Je préfère, toutefois, ses essais les plus enlevés. Canon Song, cuivré, tend a en être. On ne peut, quoiqu’il en soit, que reconnaître le bonhomme. Waltz in Clay passe du baume, élagué, de trame folk pas loin du lo-fi de par ses sons acidulés épars. Là encore, sur la toute fin, le jeu resplendit.
Abordons alors la face B, Pathway y souffle sa beauté. Folk sans ennui, Shadow Bands permet à Raoul Vignal de poursuivre son étayage, sa progression, sans jamais s’y trahir. Le rythme se fait filant, ensuite plus souple. Brimstone Skies entérine, par son ombrage perlé, la grande valeur du labeur. Les mélodies reluisent, des tons presque western surgissent. In Glow renoue avec du plus « figé », si je puis dire, sacrément bien décoré. Il existe, au détour de chaque titre, ce quelque chose en plus qui retient le quidam. Andiau, instrumental léger, le caresse dans le sens du poil. Deer Song lui emboite le pas sans trop de heurts, la douce brise inhérente à certaines créations refait cependant surface. Elle pourrait s’accentuer, j’aimerais. Shadow Bands, éponyme, finit le travail dans l’élégance, la prestance musicale, livrant un terme rock bienvenu et parachevant une fournée de marque un brin plus audacieuse, à mon sens, que les parutions précédentes.