Avalanche résulte d’une proposition faite à Rodolphe Burger par Christophe Calpini, batteur et collaborateur de longue date (Mobile in Motion, Alain Bashung…), et Blaise Caillet, musicien à l’avant-garde du glitch jazz et fondateur du groupe SKNAIL : celle de prêter sa voix à l’une de leurs compositions instrumentales. L’Inattendu en naquit, dans la foulée l’idée d’un album entier s’est rapidement esquissée. Grand bien nous fasse, nous avons alors cette Avalanche à accueillir. Pole, légendaire musicien issu de la scène électronique berlinoise, s’est chargé de la mastériser et ça lui donne de beaux habillages. Les textes sont bien évidemment élevés, les écrins saisissants. Le titre cité plus haut ouvre le livre, jonché de narrations passionnantes. Electro subtile, dark en fond et bien décorée, c’est la première perle d’un opus qui les collectionne. La patte Burger, depuis belle lurette poinçonnée, opère sans délai. Nœuds, entre indolence aux guitares fissurées et jeu de mots racés et faisant…des nœuds linguistiques, d’un style certain lui aussi, entérine l’excellence du début. Une atmosphère prend forme(s), captivante, que Zorro éperonne en déployant des airs jazzy-bluesy aussi travaillés qu’ombragés. Avalanche, vous l’aurez compris, déferle avec classe sur son auditoire, Encore & Encore. La patine tourmentée de l’ornement, à nouveau, en symbiose avec le verbe, suivant des syncopes marquées et joliment bruitistes, fait mouche.
(c) Christophe Urbain
Entre poésie à lui et carapace sonore collective Rodolphe Burger, qui comme le bon vin se bonifie encore au fil du temps, soigne ses créations. Le Bois Lacté, introspectif, verdoie dans l’âme. Il apaise, ferme les yeux et touche les cieux. De la grande œuvre, à n’en pas douter, dont le terme monte en intensité. Le titre éponyme vient alors, au mitan de l’Avalanche, imposer sa grise saison, ses voix songeuses et syllabes de marque. Lenz III, dans son sillage, d’un jazz sombre, libre, traversé par des phases grondantes, avantage à son tour le sieur Burger. Des traits rock l’acidifient puis Tranquille dans la Baleine, d’une électro sans gras, aérien, aux notes une fois de plus déviantes et inspirées, fait valoir ses atouts. Avalanche en regorge, Merci Merci mérite son billet de par ses ténèbres et ruades douces-amères. Le voyage est sans retour, En Bleu Adorable le prolonge dans une étoffe distinguée qui une fois de plus, aime à se lézarder.
Avalanche est sans égal, si ce n’est au sein de la discographie de Rodolphe lui-même. Coplas lui greffe son blues, sa plume bien trempée. Ondulant, l’album pousse à la réécoute, en nombre, immersive au possible. Les guitares, derechef, tachent le tout avec le panache qu’on leur connait. A Dean Martin, auquel il incombe de clore, sert un Anglais léger, un lit de cordes et un ressenti une dernière fois palpable, d’obédience folk sans s’y cantonner. Rodolphe a frappé, épaulé sans flancher il nous gratifie d’un disque en tous points accompli et qui de sa splendeur irradie, entièrement envoûtant.
(c) Christophe Urbain