Jeune et doué, interviewé ICI et par mes soins, Dirty Shades vient d’Angoulême. Premier bon point renforcé par le fait qu’au cours d ses travaux, il s’est assuré les services de Michel Toledo (au Black Box Studio, qui plus est) ainsi que de Laurent Paradot (Gâtechien, Headcases), ce qui lui permet en octobre ce disque prise de risques hautement persuasif. Stuck in Motion est son nom, il a du caractère et parfois ne touche plus terre. Il est aussi impulsif, doucereux, nerveux, exigeant. Il débride ses structures, pourrait nous perdre mais on est encore là. Cannon Fodder, volcan prog/noise et encore je fais court, tonne et lâche des éclairs, des vrilles sonores entourées d’élans étoilés et l’empilement, étonnament, tient largement la route. Des cris le parsèment, j’adore. Il y a là du post-hardcore, plein d’autres bribes aussi, et l’accélération assied le morceau. Dirty Shades, j’en suis sûr, n’a besoin de personne pour se démarquer. Mine, d’abord subtil, perfore ensuite. Brièvement. Le reste du temps, il s’envole et ondule. Là encore, le procédé fonctionne sans soucis. L’alchimie Dirty Shades surprend, ajustée. Sur des durées étirées, l’effet perdure.
Left in Dust, avant son déluge psychotrope, fait dans la finesse. Les chants à nouveau se mutinent, on prend alors pleinement conscience de la mixture osée des Angoumoisins. Ils scandent, vindicatifs. J’ai le sentiment, à l’écoute, d’entrevoir les capacités d’un Lysistrata. Dirty Shades fissure les murs, il n’est jamais dans le dur. Créatif, il aiguise ses riffs. Secret Sound, aérien dans ses premiers souffles, s’emphase à ses deux-tiers. Stylé. La trouvaille se partagera, sauf si comme moi on aime l’égoïsme musical. Il n’empêche qu’à lire mes mots, sans prétendre vous convertir, il se pourrait que par mon biais vous plongiez.
Overdue Rage, avant-dernière plage saccadée, vous y contraindra. Ses vocaux varient, ses chemins aussi. Ses genres, idem. Il vire à l’intense, dense, éructant. Excellent. Lessivé, je suis surtout comblé. Breaking Point, en dernier, démarre dans le songe. C’est sur sa fin qu’il rugit, Dirty Shades s’adonnant à ce moment à une embardée maîtrisée. C’est le cas de l’album en entier, œuvre d’une formation qui avec ce Stuck in Motion surpasse déjà une bonne partie de la potentielle concurrence.