Dans la foulée de l’excellent Stuck In Motion (et pas que), Dirty Shades répond à Will Dum…
1. Comment Dirty Shades s’est-il formé, qu’est-ce qui vous a amenés à pratiquer ce son « brouille-pistes » qui flirte avec plusieurs mouvances sans pour autant leur être redevable ?
Issu·e·s de la même école de musique, Anouk et Nathan se retrouvent ensemble à la fac et décident de monter un groupe. Martin, le frère d’Anouk, les rejoint à la basse. Mathurin arrive plus tard en 2019, c’est le début de la formation actuelle. En ce qui concerne notre esthétique musicale, nous n’avons jamais cherché à appartenir à un style, on peut même dire qu’on a toujours cherché à ne pas s’y contraindre. En répète on confronte systématiquement nos influences, et notre seule envie est de composer ensemble la musique qui nous plait. Ça engendre forcément de la diversité dans nos idées, ce qui, à notre sens, fait notre singularité.
2. Vous résidez à Angoulême, est-ce une terre de rock ?
Angoulême et en particulier La Nef (SMAC), ont toujours eu une identité plutôt tournée sur le rock, avec des festivals tel que la Garden Nef Party qui a pu accueillir des pointures du genre. Il y a également eu des artistes, Mathieu Gazeau (Mars Red Sky) et Laurent Paradot (Headcases) qui ont émergé d’une ville pas très loin, Jarnac, mais aussi des ingénieurs du son réputés comme Michel Toledo qui a travaillé pour bon nombre de groupes (Lysistrata, Psychotic Monks…). Il y a eu jusqu’à récemment des lieux phares tel que le Point Carré pour diffuser cette musique devenue niche.
Aujourd’hui Angoulême est, nous le pensons, une terre d’émergence de rock avec beaucoup de groupes différents comme Purrs par exemple et plein d’autres qu’on ne connait même pas. Pour s’en rendre compte il faut aller dans les studios de répétitions de La Nef, qui sont toujours occupés
3. Votre premier opus studio sort en octobre, vous l’avez travaillé avec Michel Toledo et Laurent Paradot (Gâtechien, Headcases). Que vous ont apporté ces messieurs particulièrement aguerris ?
Nos enjeux pour cet album étaient de reproduire l’énergie et l’émotion qu’auparavant on n’atteignait qu’en live. C’est la première fois que l’on décide d’aller chercher des personnes pour se confronter à leurs avis et leurs compétences, c’était une expérience très enrichissante ! L’apport d’un avis extérieur sur notre musique est primordial car on est tout le temps plongé·e·s dans notre musique, et il est donc difficile de prendre un recul suffisant pour améliorer les morceaux. Laurent nous avait déjà aidés auparavant, c’est pourquoi nous voulions continuer l’expérience sur ces morceaux. Il est intervenu sur l’arrangement et la cohérence des morceaux. Il nous a poussé au-delà de ce que nous aurions pu composer, il nous a ouvert de nouvelles portes.
Michel est quelqu’un à qui nous pensions depuis longtemps; on admire beaucoup son travail, on souhaitait qu’il puisse nous épauler sur cette expérience. Nous pouvions lui faire confiance, c’était la première fois que nous laissions autant de liberté à quelqu’un sur notre musique. C’est lui qui nous a proposé le Black Box (studio où nous avons enregistré). L’énorme plus-value de Michel a été sans aucun doute sa passion, mais aussi son expérience. Il n’a pas compté ses heures sur ce projet et à toujours été très rassurant, notamment en studio où la pression du temps peut être difficile à gérer. Pour cet album nous voulions pouvoir être accompagné·e·s pour donner le meilleur de ce que nous pouvions donner, c’est pourquoi nous avons fait appel à eux.
4. Dans l’attente de la sortie, à quoi se consacre le groupe et comment s’est passé l’été ? Qu’est-il prévu après cette sortie pour défendre le disque ?
Cet été nous avons pu nous consacrer à la composition, une de nos envies étant d’avoir une actualité vivante et de se projeter le plus vite possible sur la suite. Pour défendre notre sortie, le gros du travail a été réalisé juste avant l’été, notre priorité étant de pouvoir partager notre musique avec le plus de monde possible, et quoi de mieux que des concerts. On s’est donc focalisé sur une tournée. On a réussi à trouver une dizaine de dates de fin août à décembre et d’autres sont à venir. C’est la première fois que l’on bouge autant en France ! Pour notre release party, on a eu la chance de la faire à La Nef, et notre concert a été filmé pour une émission, SMAC Machine. Un tout nouveau programme, diffusé sur France 3 Nouvelle Aquitaine et sur France.tv, qui a pour objectif de faire découvrir les groupes et salles locales. C’est une très belle opportunité qui s’est offerte à nous et dont nous avons bien l’intention de profiter ! La diffusion est prévue pour décembre.
Cover Stuck in Motion
5. Comment appréhendez-vous le live, épreuve révélatrice pour tout groupe digne de ce nom ?
Le live à toujours été pour nous le meilleur moyen d’exprimer la musique que l’on crée. C’est depuis le début, dans une dynamique de live que nous composons et nous avons dû pour cet album faire un gros travail de studio afin de retranscrire au mieux nos morceaux. À force de concerts, nous avons réalisé que c’est en restant détendu et en prenant le plus de plaisir possible que nos lives sont les meilleurs. Ce sera donc l’enjeu de cette tournée, juste kiffer. On est très enthousiastes à l’idée de jouer cet album sur scène avec toute l’énergie et les émotions qu’il dégage. Nous travaillons depuis plusieurs années avec Benoît Courtel en technicien son pour nos concerts, il fait partie intégrante de notre live. Cela nous permet d’être au plus proche de nos envies artistiques afin d’avoir un rendu optimal pour le public.
6. J’entends rage et poésie, cri et extase, juxtaposition des tendances, chez Dirty Shades. Au final, vos créations me paraissent singulières. Pensez-vous, d’ores et déjà, avoir défini un champ sonore (et textuel éventuellement) estampillé Dirty Shades ?
Notre musique à toujours été très encline aux émotions. La musique que l’on fait est très contrastée pour cela, elle nous permet d’être qui on est et de faire ressortir nos sentiments par un autre moyen que la parole. Pour ce qui est des messages que l’on veut faire passer, ce sont des paroles révoltées sur des faits sociaux tels que le harcèlement, la guerre et le mépris des minorités mais aussi notre mal-être dans un monde que l’on a de plus de plus de mal à comprendre. Aujourd’hui nous avons un champ sonore qui nous est cher, et qui existe à travers notre musique. Notre force étant de toujours se remettre en question et d’évoluer qui nous dit que dans cinq ans, on sera encore satisfait de notre identité.