Anadol, projet de la musicienne et photographe turc Gözen Atila basée à Berlin, lié à la très joueuse Marie Klock de par chez nous. Le projet est né d’une amitié permise par une rencontre, lors d’un festival anglais. Singulière, la collision de deux univers ne pouvait déboucher que sur….La grande accumulation, soit six titres initiés par une composition éponyme aux cailloux de toutes tailles. Sorte de valse pop fantaisiste, la chanson-comptine donne le ton d’un opus décalé. Sons malins, cuivres brefs englobent le tout. L’histoire est en marge, intrigante. Le genre musical est pété du bocal, imaginatif, à l’arrivée entièrement captivant. Sirop Amer suit lui aussi une route en nids de poule, électro-pop plutôt tranquille, ornée sans foirer, osée quoique posée. Quand Le Grenier Aura Pris Feu, de ses motifs répétés, s’enlace à son tour à nos écoutilles. Il sifflote, guilleret. Chant parlé, style pop-folk/lo-fi font le job. L’étayage reste probant, ce qui assied la portée du rendu.
Sabots Triviaux, entre tour d’argent et…phacochère, y va de ses mots de travers, de traverse, contribuant à La Grande Accumulation que constitue l’effort commun aux deux Dames. Sa paisibilité est trompeuse, elle s’émaille parfois et révèle des contours d’intérêt. Sonate au Jambon, bon appétit lecteurs, sème une synth-pop dépaysante, dopée à l’Anadol peut-être. Voilà un alliage à part, musicalement décrocheur, entendez par là différent, mais finalement accrocheur. On y reste perché, à l’orée de la déraison, alors que résonne le terminal La Reine des Bordels. Un bordel effectivement, sonore, verbal, mais une mixture de fin passionnante. Il en ressort folie, créativité, voix tous-tons, contrepieds inattendus et virevoltance prenante. La grande accumulation trouve là son terme; j’en ressors avec la satisfaction d’une trouvaille n’ayant rien à voir, de près ou de loin, avec le rangé bien obéissant.
©Eda Arda