Rajoutée alors que très peu je m’y attendais, la date de ce vendredi a elle aussi positivement surpris. Après le son de Fil « Ouvre-Boite » Chérencé, Vox Low et Bush Tetras figurant par exemple au menu, puis l’arrivée tardive de jeunes gens loin de se faire de la bile, c’est un premier impromptu qui m’attend. De superbes lumières siègent par ici, qui serviront largement mon activité de « photographe ». Mais c’est bel et bien Mamacita Matadora, dame incisive et combative, visiblement pas là pour peler les endives, qui la première allume le brasier. Ancienne Bengal, la marseillaise clashe une électro-bordel truffée de post-punk, de chants remontés et de séquences tournoyantes. Oh, la petite (devenue grande) de Niko est encore là! M’est avis que ça lui refile une certaine forme de sérénité, à Niko le casquetté. Elle officie au bar, efficace, de la pimpante Célestine. On est bien entouré, le solo remuant de Mamacita Matadora endiable les danses et coud une ouverture large, sans bornes ni œillères, loin s’en faut, qui la crédibilise « grave ». Y’a du riot girrrl dans son œuvre, une insoumission mise en son avec pas mal d’adresse. Son mot est sans équivoque, son set percute et rallie en levant le poing.
Mamacita Matadora
La soirée, ma foi, s’amorce sous les meilleurs auspices. A Fil je paye un godet, entre temps Valérie a déboulé pour le tout filmer. Célestine est un havre de paix, espace de liberté aux bruits addictifs. Nombre de dames y trônent ce soir, réjouies par le programme. The Loff dont je garde le manteau (celui de Louise, chopé en fripe et magnifique) va accentuer leur extase, de son électro mâtinée de trip-hop que le violoncelle agrémente superbement. La paire lilloise couple ses univers respectifs -classique pour la Dame, électro pour Jeff le bonhomme- de manière ajustée, singulière, pour creuser un sillon personnel. Un chant délicat l’orne, très vite on sombre avec délices dans la sphère du duo. Là aussi, l’éventail est large et peut dépayser (Sleep, magnifique). The Loff use d’une guitare, également, pour épicer ses créations. Il en résulte moults sons enchanteurs, sous torpeur ou plus débridés, qui ne manquent pas de nous dérider.
The Loff
Laissons-nous donc porter, j’avais initialement et par précipitation écrit « liassons » mais rien de tout ça, notre seule fortune reste sonore. The Loff, trouvaille de taille, fait valoir ses notes et nous emmène, tous autant que nous sommes, dans ses ingénieuses pérégrinations. Nous chavirons, par le hublot j’aperçois un gaillard solo scrutant la Somme. Derrière lui un groupe, au coin de la soucoupe, et pour Célestine une énième odyssée dont ses occupants emporteront le souvenir enjoué, perfusé par deux projets qui loin de se la jouer se sont offerts le luxe de nous enjailler de la plus belle des manières. La Péniche crache alors ses badauds; à la hâte je regagne ma demeure rénovée après une halte à l’épicerie de nuit, réjoui, prêt à palabrer sur l’étendue de ce vendredi soir sans travers.
The Loff
Photos Will Part en Live, auteur de l’article…