Fort d’une carrière étayée Pixies, dont je devins fan un jour de 1989 après avoir gobé une cassette audio -enregistrée sur un CD- sur laquelle trônaient Doolitle et Surferrosa, continue à propager son rock. Depuis sa reformation, ses disques sont moins écorchés et là où il empilait les pépites noisy sauvages, le groupe se « contente » désormais d’aligner les bonnes chansons, certaines un brin irritantes toutefois. Avec The Night the Zombies Came, on oscille entre calme trop délicat quoique peaufiné (Primrose en ouverture) et coups de sang bienvenus, comme l’est You’re So Impatient qui lui, tartine, dévie soniquement et réjouit. Globalement et comme avec tout format « post-come-back », je trouve le tout acceptable, porté par une énergie à peu près dominante…quoique. Jane (The Night the Zombies Came), beau à entendre malgré sa retenue, son trop de tenue, se niche dans l’entre-deux, là où l’avis se mitige. Chicken rattrape à peine le coup, lui aussi élégant mais par trop finaud. Je prédilectionne, vous l’aurez saisi, le Pixies sauvage, le lutin désarticulé, celui de la première heure. Hypnotised, à la pop griffue, n’en est pas éloigné. Mais Pixies se bride, ne resserre l’étreinte que trop rarement. A l’écoute tout passe, on est néanmoins largement en droit d’attendre autre chose de cette formation qui jadis, surpassait toute forme de concurrence. Bon, The Night the Zombies Came l’est, frustrant il l’est plus encore.
Johnny Good Man met un coup de trique, plus tendu, plus mordant. Jouez-nous dix morceaux de cet acabit, chers Bostoniens, et nous vous sacrerons avec tambours et trompettes. Pixies s’illustre, mais sa flamme s’atténue. Motoroller malgré ça convainc, rock à guitares achevé. Pixies surnage; il pourrait truster le haut mais s’en dispense, trop souvent amical. I Hear You Mary, doté de coups de semonce, remet la cabane au milieu du jardin. Le néophyte appréciera ce disque, l’ancien lui restera sur sa faim qu’une poignée de morceaux comblera tout de même. C’est le cas d’ Oyster Beds, au taquet, qui rocke sans se retourner. Ici les guitares font le boucan, le rythme fouette et la voix gronde. C’est le Pixies qu’on aime, sauvage et exaltant. Mercy Me retombe ensuite, une fois de plus le rendu reluit mais laisse à désirer. Le duo vocal est joliet, l’ornement de choix, mais l’issue un tantinet ennuyeuse. Je n’ai pas fait le deuil, à coup sûr, du early Pixies.
©Travis Shinn
Poursuivons toutefois, Ernest Evans galope et fait pencher la balance du bon côté. J’en viendrais presque à penser qu’entre douceur et puissance Pixies, avec The Night the Zombies Came, nous imposerait sa posture. Il surfe, mate les vagues, et ramone à l’ancienne. Kings of the Prairie suinte une pop-rock douce-amère, estimable mais timorée. Enfin The Vegas Suite, d’un début posé à des incrustes façon Trompe le Monde, brèves mais remarquées, conclut avec pas mal de prestance. Sans trop faillir les Pixies, ici et là acérés et ça ne peut que nous plaire, perdent des points sur d’autres efforts, signant un album qui malgré mon avis nuancé me permet de rester en phase et d’attendre la suite avec une pincée d’espoir.