Après un premier album remarqué (Le Corps du triste chez Jelodanti Records, en 2019), le groupe à géométrie variable mené par Augustin Rebetez (CH) et Pia Achternkamp (DE) a sorti plus de 70 titres. Shadow Of A Rainbow en regroupe 32, il constitue l’aboutissement poétique d’un projet musical réalisé sur quatre saisons. L’initiative est donc décalée, on en doit la « zik » à Pia Achternkamp, Lorena Stadelmann et Augustin Rebetez. L’éventail est large, souvent lo-fi et touchant, dans une délicatesse bien vite enracinée. Cheap et très DIY, le support débute avec l’amical rendu de La chanson de l’automne et ses chants gentillets sur fond d’ornement vacillant. C’est beau et ténu, fragile, sécure comme la nature. My friends suit dans une folk du coin des bois, ou de l’eau, au gré de vocaux mêlés dans l’avenant.
Mazette, qu’est-ce que c’est cute! Pullover installe une trame plus remuante, le chant s’y mutine. Les paroles j’te dis même pas, du pur délire de musique de niche! C’est pour ça que sans trainer je dis yes, allright chers amis de CHRUCH! Petits Villages m’évoque mon enfance, lo-fi chorale bancale. J’aime trop. Femmes élégantes pareil, textes saisissants, fond grinçant/dark et bruits imaginatifs. Par ici tout est bon et à prendre, The two witches folke finement et comme souvent, les vocaux s’allient avec grâce et démence d’enfant. Group massage fait du rock, l’entoure de sons foufous. Réussite, encore. Talk about calme le jeu, jazzy racé. De surprise en surprise, généreux, Shadow Of A Rainbow rayonne. Chocolat s’infantilise magnifiquement, on en prendra volontiers un morceau! Chanson pour l’Hiver enfile son chandail, protecteur. No Panic on the Titanic, loin de sombrer, développe une trame à la Swell, un peu, dans sa batterie sèche. Là aussi, les voix caressent.
Cellphones, rock souple et grésillant, agite le cocotier. Il scande, rappe quasiment. Il noise aussi, p+++++ je kiffe encore mon cher Nestor! Cailloux sous tous ses aspects séduit, les lyrics une fois de plus se placent en marge. Some Problems obscurcit le bazar, minimal mais entêtant et noisy en fond. La Danseuse se pointe, sans parure mais de chants coton. Ohlala diantre, superbe! New Job, folk lo-fi animé, ne l’est pas moins. Tutto Bene Presidente (en v’là une bonne tiens!), en Italien je crois (je te raconte pas le niveau, « mon mien » je veux dire, en langues…), claque un dépaysement low-failles que le français borde aussi. Busy Baby pulse, électro et autres, irrésistible. Yoyo blues un peu, une fois de plus le désarçonné guette. On voyage. L’ensemble est merveilleux, et je pèse mes words. Pyrocene, pesant, lâche une (sorte de) noise sur organes en perdition. Il ralentit, comme ivre. Tout va mal, prétend le titre suivant. Arrête un peu, c’est dans la joie que le constat s’érige. Et puis c’est normal si tout va mal. Early flight est fin, Zeitgenössische tänzerin en Allemand première langue itou. Time to die reluit, nourri à la vie. Chruch fait merveille, il est sans pareil.
Chanson du printemps, effort flemmard, quête la saison. Il est bien bon. La Chanson de l’été, elle, se floute et renvoie la même paresse, estivale pour le coup. Tranquiiille…, AC s’élève sans hâte et à l’orée du psyché, m’évoque Kim Gordon sur ses derniers efforts. Délectable. Too complicated, après, s’évapore pépère. Il y a une indolence, ici et ailleurs, une léthargie tantôt bousculée, qui attire à bloc. Little Butterfly sonne les cloches, marie les voix. Toxic Relationships, d’époque de par son thème, vente froid et susurre sur rythme marqué et vocaux une fois encore insoumis. Les motifs dérapent, dans la foulée No Electricity sans péter les plombs fait le noisy, souillé. Rien à jeter, tout à garder. Feed From Desire vient alors fermer, farceur, raffiné, un Shadow Of A Rainbow à s’écouter sans arrêt que ce soit en été, à l’automne, en hiver ou encore au printemps et ce, par tout type de temps.