Sélection réalisée par Yves-Marie Mahé, mastering par James Plotkin, sortie vinyle limitée à 200 exemplaires, exemplaires par ailleurs, par Jelodanti Records. Bonus digital et pas des moindres, c’est moi qui vous l’dis! France Noise 90 est un must, son nom parle de lui-même et son contenu résulte de la rencontre entre notre Yves-Marie Mahé cité plus haut et la paire Clara/Nicolas, soit Jelodanti Records, nouée à l’achat d’un lecteur K7 d’occase et à la descente en cave dans le but de dégoter de la démo « de dans l’temps ». J’arrête de palabrer, le son délivre pour commencer Kivalò Dolgòdò « from Bordeaux » et sa noise (si si couz’, tête de ma mère!), brève et arrachée comme on aime, balafrée par Remember. Puis « Vas-y bordeeeel! », coucou Sasha Andrès, Flaming Demonics dégèle son Cross my mind en live, éructé, dans l’efficacité immédiate.
Cornice, gros délice, sert lui un free et dépaysant The stringed instrument maker. Jazzy de traviole, noise et trippant, il s’insinue dans nos corps nus (il me fallait une rime). Copywrong, avec Peur(s), m’évoque No Means No. Ou Primus. Cuivré, délirant, il complète la parfaite palette. Heliogabale, d’un Begging cut (demo) au bruit cru maison, arrose le tout de son essence noise…essentielle. Hole Process, avec Rape, se prend à violer la convention, également et à son tour. Il groove sauvagement, offre un pavé-parpaing aussi leste que massif aux abords variables. Pour clore la face A, Gordz, avec Cube, déstocke vocaux presque hip-hop dans leurs syncopes, tarés, et ruades noise possédées.
Ayé c’est la face B, The Crooner of Doom joue Low City et je songe aux Cramps pour la démence chantée. C’est du rock’n’roll, crissant, lancé sur la voie rapide, brulant et indécent. Sootcycl suit en armant ce Mosquito fridge (edit) entre calme racé et riffs abrupts. A me lire vous le comprendrez aisément, France Noise 90 est divers. La noise en est le socle, sa qualité le gouvernail, sa pluralité une marque distinctive. Prohibition, avec Hell no rush (edit), dessert un instru post-rock dans ses airs, qui met sa différence en exergue. A ce sujet mon Towncrier est placé là, à ma gauche, à portée de main. Ratiopharm, Hain-teny en sac, place une trame à peine changeante, psychotrope. Osaka Bondage lui succède en décollant, brumeux, répété, Zizeal edit drogué à l’appui. En prenant connaissance des origines inhérentes à chacun des projets sollicités, vous en apprendrez un rayon. Comme quoi, allier son et histoire prend tout son sens. This Side of Jordan, avec The full mind is alone the clear, évocateur évidemment, honore Philippe Tiphaine (Heliogabale, The Crooner of Doom) d’une version trip-hop (enfin je ne sais plus à vrai dire) hallucinée. Le régal se poursuit, c’est alors qu’on arrive aux bonus offerts avec la version digitale.
Déjà gavé (de bonheur), l’auditeur se fade à ce moment Garbage Collector, aux sursauts issus d’un Bloodsuckers (demo) au chant hanté bien wild. Le surplus est appréciable, One Arm et leur Brilliant à l’indus-noise tribal et trippal que le chant type en atteste. Osaka Bondage–Zizeal (long version) assigne un côté fantomatique perché, Sootcycl–Mosquito fridge (long version) un instru aérien qui ne manque pas de chien. Témoignage génial, France Noise 90 est la preuve d’une étendue musicale qui fait qu’en notre France, nous n’avons rien à envier aux autres contrées. Copyright enfourne un Disgust dub à danser, qui soudain braille et déraille. Perfect. Dans l’élan King Biscuit, hurlant, rapide, trace son Sqniq qui breake joliment. Punk et foutraque, il laisse place à Prohibition–Hell no rush dans sa version longue qui en décuple la portée. Puis Davy Jones Locker, grungeant un Boxes sauvage, lance la dernière ligne droite. Thierry Muller la parcourt avec créativité, son Space cab to Venus(The phone call remix) indus bien balancé aux trouées new-wave clôturant un France Noise 90 que tout amateur du genre -et pas que- se doit d’acquérir sans la moindre hésitation.