Cofondateur de Wallenstein, batteur sur au moins deux des plus merveilleux albums de Krautrock (Mother Universe et Cosmic Century), membre du légendaire « Kosmische Kuriere », HARALD GROSSKOPF a enregistré avec Ash Ra Tempel et Klaus Schulze. Passé, ensuite, du tabouret de frappeur aux séquenceurs, l’artiste façonne une électro-kraut passionnante, jonchée de sons inopinés. Storm, son nouvel album, n’échappe pas à ce principe et d’entrée, sert un Bureau 39 spatial comme doté de fulgurances, richement mais minimalement orné. Suit Blow, sombre et pas loin du dub, cosmique, qui se pare d’accents rock/indus occasionnels. La maîtrise est de mise, ainsi qu’une propension avouée à « fouiner » avec succès. Später Strom illustre la démarche, étoilé, serein, avant de virevolter davantage. After The Future, lui, signe des voix démoniaques. S’ensuit une trame triturée, lente, pénétrante, brumeuse aussi, à l’avancée inexorable. Grosskopf à nouveau s’impose, par ses textures et le génie de ses conceptions.
Stylo Kraut, lui aussi chanté mais de manière plus « club », entrainant, dépaysant, en remet une lampée. Les climats se succèdent, enrobés avec imagination et sans que le procédé ne s’avère par trop complexe. Il faut certes suivre, mais l’initié restera en phase. Harald Grosskopf excelle, Gleich Strom l’emmène sur sept minutes posées qui se syncopent sans heurts. Um Pah Pah Uh, plus offensif tout en conservant ses séquences d’entre les nuages, « chante » dans le déviant et déroute à son tour, direction l’orient où autres. L’ouvrage est captivant. C’est Stromklang, épopée kraut alerte, qui lui met fin en s’offrant des guirlandes sonores enjouées, final d’une galette entièrement aboutie.