Frise Lumière est le projet intimiste de Ludovic Gerst, artiste, musicien et compositeur qui avec sa seule basse, explore et défriche. Avec inventivité, hors-cadre, il définit de nouvelles formes. Ambo est son deuxième album, les formats y changent et ses climats retiennent. L’Écume Des Mots d’emblée repousse les limites, sous trip de quatre corde voyageuse. De temps calme en envolées dénudées, l’instrument s’exprime et fait office de tout. Jeziorko élabore une trame obscure, il s’entend que l’approche de Frise Lumière en fait un musicien de niche, précieux. Ses créations, dures à définir, attirent jusqu’à n’en plus définir. Il faut toutefois, pour s’en draper, faire preuve d’ouverture. Passé ce cap, la singularité de l’opus fera son effet. Passo De Dança, presque orientalisant, lunaire, l’y aidera grandement. Puis Le Cri Du Vent, plus tumultueux, élargira le champ d’investigation de Frise Lumière. Baguettes de batterie, mailloches et balais en sont, non usuels évidemment. P_o__ema, à la moitié des débats, jazze mais non. Reste ce grain personnel, qui fait indéniablement la différence.
Ainsi Vibração Corporal, en pulsions dark, se nourrit-il de cet « autre » sonore. On appréciera, à l’heure du tout formaté, du commercial dégueulasse, de l’auto-tune à thunes, d’avoir de l’osé à se mettre dans les fouilles. Frise Lumière nous l’offre ici, sus des formes joueuses. Ambo est bien beau, Laissez Moi Encore Danser y sème sa grise quiétude, son doux trouble aussi. Suor Luminoso vire au blues-folk, enfin pas loin car Ambo n’est fait que de Frise Lumière. Il se clôt avec Rivière qui sans couler à flots, filtre une eau pure aux légers remous qui une dernière fois, affirme la vision de Ludovic Gerst et sa propension à s’extraire des sentiers battus.
©Tania Vila Diaz