Carnage Piknik est un trio au vitriol, venu du Mans enfin je crois et à l’écoute surtout j’y crois. Son Silence as a Tone of Noise fut enregistré par Lionel Laquerrière (nestorisbianca, GaBLé, Geysir aussi), mixé par artieficielle (The Psychotic Monks) et masterisé par Thomas Poli (StuffedFoxes, Montgomery). Voilà pour la base, d’ores et déjà solide. Dans le contenu, on a le sentiment qu’ Heliogabale a croisé le fer avec Sonic Youth, sur fond de passages calmes avant que ne passe la lame. L’éponyme silence as a tone of noise débute en murmurant, chatoyant, spatial et torturé tout de même. Plus que beau. Puis patatras!, on sentait de toute façon que le bazar deviendrait polisson. La voix devient cri, une coulée noisy à la Thurston/Lee se déverse et la cadence s’emballe. Ca se lézarde de partout, ciel c’est le son que j’aime, que j’aimais et que j’aimerai (ah putain Cabrel…). Suit alors what’s left, voix de girl mutine aux mots obsédants. Autour d’elle, des crissements déments. Carnage Piknik a beau être jeune, il n’en est pas moins bon. Sacrée trouvaille, il se montre de taille. Fuzz war, d’abord post-rock mais grondant, à la lancinance menaçante, érupte à la manière des Moines Psychotiques. Il vire kraut, dans un bruit qui porte ses fruits. Puis il calme le jeu, avant un terme volcanique.
Pour un coup d’essai, l’ep flirte avec le coup de maître. Plus loin interlude, céleste, assure le pont jusqu’à less is more. Terminal, le morceau déblaye huit minutes de décollage psychotrope. Carnage Piknik conserve sa beauté sonore, ses vocaux amicaux mais qu’on pressent changeants. La batterie ondule, les motifs se répètent. Soudainement la trouée se fait, déluge d’éclairs soniques. Les humeurs alternent, les organes muent guerriers/tourmentés, incantés aussi. Entre tonnerre et accalmies, entre coquetterie et salissures sans retour le groupe assure un EP remarquable. Affaire pliée mon écrit est torché, c’est maintenant au tour de Crache et on accueille avec bonheur Carnage Piknik, doué, dans l’attente des travaux à venir.