Pour les 25 ans du LFSM Stéphane Amiel, à l’origine de cet évènement de marque, répond aux questions de Will Dum…
1. LFSM fête ses 25 ans, déjà ! Quel regard portes-tu sur toutes ces années d’activité ?
Je n’ai pas vu le temps passer, ça a été trop vite. Beaucoup d’amusement mais aussi du stress de ne pas pouvoir refaire le festival chaque année, et l’impression de tout recommencer à chaque fois à zéro. Sinon j’ai pu voir les évolutions des différentes scènes musicales et de la place grandissante des femmes dans la musique. J’ai été spectateur et acteur de tout cela.
2. Qu’est-ce qui t’a/vous a incité(s) à créer le festival ?
Une émotion pour l’expression des femmes artistes sur scène dans la musique indé, et une sensation que rien n’était fait pour plus de visibilité en faveur de ces artistes. L’envie d’en proposer à chaque fois de plus en plus, et de programmer différents styles et facettes de musiciennes sur scène.
3. Quel impact celui-ci a t-il, selon toi, sur la sphère musicale et plus spécialement sur la place des dames -et des minorités- dans ladite sphère ?
C’est toujours compliqué de mesurer l’impact d’un tel événement. Ce que j’ai pu estimer, c’est la progression des artistes françaises dans la programmation du festival. De 2001 à 2017 elles ne représentaient que 20 à 30 % des artistes programmées, puis est venue une nouvelle vague d’artistes de tous horizons à partir de 2018 et cela a représenté 50 % de la programmation. Depuis ce tournant, elles sont maintenant plus que majoritaires dans notre programmation sur l’ensemble du territoire. J’aime imaginer que le festival a eu un impact sur l’imaginaire de nombreuses jeunes artistes partout en France, et que les nombreuses rôles modèles que nous avons présentées ont influencé une jeune génération.
La France, c’est un peu notre nouvelle Scandinavie en terme de talents féminins !
4. Pour ses 25 ans, LFSM change t-il de formule ? On sait que parfois, les chiffres en 5 ou en 0 occasionnent de petites surprises…:)
Ce qui change, c’est que le dispositif que nous avons mis en place avec Les Femmes s’engagent en 2021 prend plus d’ampleur ! C’est une boite à outils pour plus de visibilité, de professionnalisation et d’entraide entre les artistes femmes à travers de nombreux ateliers techniques et artistiques. Les 25 ans marquent aussi le retour à un événement qui prend de plus en plus d’envergure en France, avec 27 villes cette année qui proposent une soirée LFSM.
5. Vous accueillez Kim Gordon, ça doit être une sacrée satisfaction non ? Que représente pour vous sa venue ?
Cela représente des retrouvailles, car nous avions déjà présenté son premier concert solo sans Sonic Youth, sous son nom, en 2001. Ce sont donc des retrouvailles, 23 ans après sa première scène aux Femmes s’en Mêlent avec Brigitte Fontaine, Ikue Mori, Dj Olive et Jim O’Rourke. C’est donc un honneur que le nom du festival soit à nouveau associé au sien pour son unique date en France. C’est le genre de musicienne qui m’a donné envie de faire Les Femmes S’en Mêlent et de voir plus de femmes sur scène.
6. Quels seraient jusqu’alors, d’après toi, les groupes « symboles » du LFSM et pourquoi ?
Il y en a eu tellement, de toutes nationalités… Jeanne Added que nous avons vu grandir, de ses premiers concerts solo avec sa basse à son trio avant son premier album, jusqu’au sommet. Elle fait partie de cette nouvelle génération d’artistes françaises qui dépassent toutes les frontières. Le premier concert de M.I.A à l’Elysée Montmartre, pour son premier EP. Les guerrières The Slits (groupe fondé à la fin des années 70), que nous avons reçues pour nos 10 ans, et les deux concerts de la rappeuse Little Simz !
Plus de 500 artistes femmes sont passées par le festival, la plupart plusieurs fois, et certaines font partie de notre histoire comme les américaines Emily Wells, Eleni Mandell, Lisa Germano, Shannon Wright, les scandinaves Frida Hyvonen, Anna Ternheim, les anglaises Robots In Disguise, Electrelane, Georgia, Dream Wife et bien d’autres…
7. Qu’est-ce qui a permis cette longévité au LFSM ?
La passion, la combativité et la résilience. Mais aussi la fidélité des artistes, et leur envie de continuer à faire vivre le festival.