Bacchantes use d’un instrumentarium bien à lui, ou plutôt à elles (guitare, batterie, claviers et harmonium indien, couplés à des chants « de chorale ») qui lui permet de se distinguer, dans la distinction. Pas un bruit est le nouvel album des Dames; il en fait pourtant, à l’occasion -du bruit- et offre une sélection aussi lettrée que feutrée, aussi fougueuse qu’acoustique, aussi racée qu’électrique. Sous les Nuages la traversée s’amorce, d’abord la marque des voix opère. Bacchantes la confirme, le canevas dans un premier temps sobre commence à s’assombrir…puis terminé, Les Oiseaux prend le relais. Finesse de début, valeur sonore, ensuite coups de semonce nourris. Résultat de l’équation: magnificence écorchée, imparable. Une lancinance presque psyché, que les organes font tressaillir à l’unisson avec le rythme. Bacchantes, en Figures Libres, assied sa posture. Vertigo l’enracine, obscur, à l’orée de l’inquiétant. L’harmonium se met en évidence, le mid-tempo assure l’accroche. On flotte, les sons là encore séduisent. Des cris pointent, apportant folie, et la cadence devient guigue. Les guitares, ardentes, épicent le rendu.
Caillasse, d’un jet fin, replace les voix au chœur du débat. Il breake puis change de braquet, lacéré. Qu’il fasse subtil et/ou porte l’estocade, Bacchantes parachève ses créations. Bien enrobées, celles-ci ne manquant pas de chien. Cantique de la Poussière reste ténu, fragile. Pas un bruit, à l’inverse, se montre campé. Interlude, bref, erre sans contraintes, léger. Ô fontaine se déverse dans la répétition sonore, de nature aquatique et dépaysante. On écoutera ce disque avec la plus grande attention, guettant ses heures de tension. Des riffs secs sonnent et tonnent, La Chanson du Masque vire presque math, enfin de loin, en laissant des traces majestueuses. C’est du Bacchantes, qui une fois encore s’acère et part, en l’occurrence, dans de remarquables stridences que les voix scandent. Splendide.
©Marlène Lavial
On en vient à Montagne, entre quiétude et secousses bien mises. Il fait bon la gravir, on y dégote mont(s) et merveilles. Pas un Bruit, éponyme, se scinde en deux parties. L’une spatiale, l’autre remuante et striée, bruissante. La dextérité est frappante, les remous inhérents à ce Pas de Bruit le valorisent plus encore. Joliment turbulent, il prend fin quand Je Retournerai se chante dans le brio pour au final tracer un silence que quelques bruits imperceptibles troublent. Bacchantes est de choix, son ouvrage marie rage et créativité avec un feeling que beaucoup pourront lui envier et lui jalouser.