Grive associe, sous couvert de passion commune pour le libre, Agnès Gayraud (La Féline) et Paul Régimbeau (Mondkopf, Oiseaux-Tempête, FOUDRE !, Autrenoir, Extreme Precautions). Tales of Uncertainty est le premier album du duo, d’une beauté pure et/où vénéneuse. Ses huit titres, entre le chant pluriel de la dame (qui joue aussi la guitare et quelques synthés) et les concoctions sonores de l’homme, dévoile des paysages que Hotel Room, fond sombre et tremblant en atout, présente en s’habillant de sons dépaysants. Percus retenues puis plus marquées, en arrière-plan, et décor grinçant se chargent de produire, resplendissante d’ombrage, une composition inaugurale magistrale dont le terme bruisse de manière plus ouverte. Wait And See, annonce le titre suivant mais c’est déjà tout vu, son acidulé allégé par la voix fait lui aussi sensation. A deux morceaux, on se fait déjà gober. Les guitares tonnent, les vocaux eux restent flottants. Burger Shack, délicat, s’inscrit dans une veine fine. Là encore, l’atmosphère attrape. Elle prend de l’ampleur, sans hâte, dans de douces griffures à la Elysian Fields. Grive brille, How Many Years trace une ambient dreamy qui ne manque pas d’accroche.
Sur le second volet Darkest Woman On Earth, au pouls lent, étend sa finesse avant de se craqueler, noisy. Tout ici est réussi; bruit et vapeur, grondements et douceur s’acoquinent. Go Up The River, d’abord céleste, voit Agnès performer -encore et encore- au chant. Un écrin adapté l’enlace, un tantinet vacillant. L’effet est psyché, hypnotique aussi. Quicksands, songeur et obscurci, permet à ce Tales of Uncertainty de maintenir le cap. On décèle, une fois de plus, des sons inspirés, déliés comme écorchés, avant l’orage qui avec le spatial alterne. Magique. Dans son envol Grive, au fil de son tire d’ailes, sème mille et une merveilles. Quand The Loop ferme la marche, décollage doux-amer sulfureux et du plus bel effet, il y a bien longtemps que le disque nous a à juste titre et sur plus d’un titre ralliés.
©Philippe Mazzoni