A l’origine Black & Noir fut une émission de radio locale active de 1983 à 1988, à Angers donc, animée par Stéphane Martin et J. Hugues, chanteur de Casbah Club. Par la suite, ce fut une association organisatrice de concerts, dans cette même ville. Eric Sourice (chanteur-guitariste du groupe Les Thugs) et Stéphane Martin fondent ensuite (en 1988 pour être précis) la boutique Black & Noir, disquaire (farouchement) indépendant. Le Club Single, copié sur le modèle de Sub Pop, en émane. L’ abonnement coute 90 francs (environ 24 euros) et permet de recevoir cinq 45 tours au cours de l’année, inédits, liés évidemment à la scène indé de nos françaises contrées. Ca durera deux ans, tout le contenu en est gravé ici et croyez-moi, il vous replonge illico dans cette foisonnante époque. DIRTY HANDS ferraille le premier, rock’n’roll frondeur doté de chœurs sur Gimme Love puis Suicide et ses tons plus mélodiques, mais malgré ça bien éraillés. Qualité sup’, les gaillards mobilisés sur ces formats n’avaient guère l’habitude de planter leurs créations. LES SHAKING DOLLS, au gré d’une doublette Teenagers Go Nuts/Rock, Bed & Chocolate, font dans l’énergie punk à la cacophonie bien mise. MAD MONSTER PARTY suit, Uneasy Feeling se rockab’ presque et se déroule à un rythme d’enfer qui ensuite se pose. Du rock brulant, rapide, un brin Gun Club, que relaie I Have Fun et sa frénésie débridée. Alors que LES THUGS, d’un Falling Apart à leur main, entre chant poppy et cadence folle, vident à nouveau juste de même que leurs légendaires guitares.
Quel bonheur que de recevoir, sous enveloppe, cette galette et le nouveau Daria! On poursuit donc allègrement, UPTOWN BONES envoie un Spring Is a Cat riffeur et sonique, sauvage. On en a pour son argent, HYDROLIC SYSTEMS shoote son Hydrolic Systems chaotique et hurlé. S’agit pas de rire, c’est du bien trempé. C’est aussi le cas de Run Away, éclairci, de facette plus posée…avant que le groupe ne commence à urger grave. A l’époque on savait faire, nos régions regorgeaient de formations douées. CASBAH CLUB en fut bien entendu, Living Up In Center le fait se saccader sur un déroulé dépaysant qui n’est pas sans évoquer…La Mano Negra. Si si, et en bon là aussi! Worth The Price, dans la foulée, brassant un rock racé. C’est chez Nineteen Something que le recueil sort, que demande donc le peuple si ce n’est que ses héros demeurent immortels?
En ce sens BURNING HEADS, Hey You galopant à l’appui, se met en évidence. Puis il claque Go Away, davantage mélodieux et pas moins échevelé. Perfect. DRIVE BLIND, tel le Charlatan qu’il n’est pas, dégorge une première boulette furieuse. L’écoute de Club Single 1990-1992 suscitera l’envie, je le parie, de s’envoyer les discos respectives des projets impliqués. Mais finissons d’abord; Every Day dessine un rock, c’est le maître-mot, sans courbettes. Ca crisse, dans l’élan OVERFLOW tricote un Naked aux vocaux sous rogne. A la suite Beautiful Fire, entre batterie agile et guitares mordantes, s’en sort avec les honneurs. La fin se profile, avant ça SUBTLE TURNHIPS dépose Quack Quack Baby Quack Quack. En montées wild incoercibles, le titre précède le terminal Where Have All The Surf Boys Gone. Ultime dégelée braillée, c’est la cerise sur la gâteau d’un Club Single 1990-1992 généreux, superbe complément à l’ouvrage lui aussi essentiel de PATRICK FOULHOUX.