Onzième album, ni plus et surtout pas moins, d’un Lofofora qui n’a rien perdu, Cœur de cible ne rate pas la sienne. Dopé à la colère, rock et riffeur, il débute par l’ Apocalypse. Pas de quoi pavoiser, Lofo le sait et ici, narre la bad news qui assombrit sous toutes les formes possibles le quotidien qui est le notre. Lofo se reconnait, Reuno la voix intacte tronçonne cette putain d’époque. La Distance, sans en prendre, galope lui aussi vers la reconnaissance. Grosse guitares, quasi trash, tempo appuyé. Signe d’indépendance, le titre ramone. Konstat 2024, en phase avec l’irrévérence du jeunot que fut Reuno, convainc avec la même force de frappe. Les thèmes sont bien choisis, sur ce point le quatuor loin de tourner en rond assure son lot d’ire renouvelée. La Machette, catapulté à la gueule de la politique, lâche un bloc massif dévastateur. La composition, en médication à la santé mentale du sieur Wangermez, nous fera le plus grand bien itou. Elle accélère, définitivement percutante. Les Deux, d’un début tranquille, vire au rock’n’roll torché à la hargne. Sans écueil, Cœur de cible a le vent en poupe.
Ainsi A.D. Haine, compact, poursuit-il en s’illustrant. Dans le mot, comme dans le son. Les élans fusion ressurgissent, par bribes mais appréciables. Espoir voit sa batterie s’asséner, optimiste il le remet en scène (je parle de l’espoir). C’est à vrai dire tout ce Cœur de cible qui s’y attèle, Lofo y délivre un contenu tenu. Il louvoie, intègre il n’est pourtant pas serpent. Trop vrai pour ça. Le Temps, mornifle maison traçante, vit dans l’instant, à l’instar du groupe, et gomme toute notion de perte…de temps. Dans le même temps, il conforte ce Cœur de cible qui à chaque flèche décochée tire dans le mille. Maladie Mortelle, contagieux, sacre le féminisme au son d’une chappe métal vitale.
©Anthea Photography
En bon chemin Lofofora, bastonne un Ouvrez les Esprits qui se référant à l’étroitesse mentale de ceux qui stigmatisent « l’autre », honore ceux qui ferment les œillères. Lofo lui s’en dispense (je parle des œillères), lucide il offre un manifeste aux pavés bien lancés. On a même droit, avec le terminal Laisse Pas Faire, à du Beastie Boys façon Lofo, rappant et funky-rock sans que la rancœur en pâtisse. Après Silmarils et son Apocalypto Lofofora, d’une traite, relègue la retraite et signe un disque impactant alors Baise ta vie fais-la jouir, c’est toujours le moment….