Originaire de Jérusalem et Lotharingie, formé par Ruth Rosenthal et Xavier Klaine, Winter Family joue dans tous types de lieux, mêmes les plus décalés, et traite ici d’une foule de parcours, de thèmes, de vies, au son d’une musique minimale et « ratisseuse ». Divers courants s’y croisent, enfantant de superbes ouvrages. De toute source la paire fait son, ce On Beautiful Days irradie. We forgot we can’t fly l’ouvre dans un post-rock presque drone. Le chant, susurré, contemplatif, s’y glisse tardivement. De suite le paysage créé captive, à la suite Daughters of Jerusalem innove dans les sonorités et hybride, difficile à ranger, évapore une trame voyageuse. Celle-ci se noircit à l’occasion, sur l’opus orgue, piano, harmonium et même la flute de Saralei Klaine en guest, fille de qui vous savez, placent l’ovni sonre en marge. His Story, pas loin d’un Suicide, l’assombrit autant qu’il l’embellit. A chaque vague, chaque effluve, on se laisse recouvrir. Expérimental, truffé de spoken-word rêveurs que les bruits inondent, On Beautiful Days angoisse et émerveille. Black Sun, dénudé, où le piano distille quelques notes, fait se clore les yeux. A première écoute, rock que je suis, j’ai failli décrocher. Insistant, je saisis à cette heure toute la portée de l’objet.
Winter Family en effet, peaufinant ce qu’il entreprend, dans le ressenti et l’invention musicale, est à son zénith et pourtant il n’est pas que gaité, loin s’en faut, dans le texte. L’offensif et grésillant Europe, you are the Criminal, éboulis indus créatif et déroutant, en volutes de flutes superbes et vocaux vindicatifs, fait mouche. Il agite l’opus, lui donne de l’impact sonore. When you’re 18 lui succède sur un chemin songeur, légèrement « sali », merveilleux. Il sera ardu, après ce On Beautiful Days, de lui trouver semblable splendeur. Le titre éponyme, de ses secousses célestes, en atteste. Rothschild, électro dark brève mais entrainante, comme sous éther itou, n’en fait pas moins.
Trésor d’inventivité, On Beautiful Days fait place en sa fin à Rats qui sur plus de sept minutes posées et étoilées s’illustre. C’est pour finir -et ce sans flancher, pas le genre de la maison- Nine Millions Witches, doté de spirales obsédantes et chants en l’occurrence assurés, qui le dernier fait valoir sa brillance enrobée de grisaille et de coups de semonce soudains. On Beautiful Days est le type d’album que l’on écoutera, encore et encore, jusqu’à en dénicher le moindre de ses détails.