De plus en plus le courant queer, bim! prends ça dans ta trogne époque de merde, est culturellement représenté. Ce vendredi soir deux formations l’ont mis en exergue, à Beauvais, dans le superbe cadre de l’ Auditorium Rostropovitch, d’une manière qui marquera les esprits. Parce que ces jeunes, bourrés d’idées, bourrés de vrai, pétris de sons « créants », de postures anti-politiques véreux qui les honorent, ont du chien. Alors ça se prend, après une route pépère au hasard des radars habilement niqués je tombe sur Rodolphe, comme moi accrédité. Contents nous sommes, plus tard un houblon sacrera nos retrouvailles. Vince aux entrés s’échine, il a du mérite! La sécu m’a reconnu, ce sont en tous lieux mes amis. J’entre dans l’antre, elle en jette sévère. Théa aussi, avec à ses côtés son guitariste survolté. L’assistance est jeune, ralliée. Très vite ça bougeotte, les tenues défient le tout-rangé et la paire cartonne après de tous. En formule engagée, électro-pop traversée de penchants trashy ou « trapy », de traits rock offensifs, Théa syncope un live dansant et plébiscité. Sans être fans, nous reconnaissons qu’il se passe quelque chose. L’ Enfant doué.e élargit son répertoire, devant elle siège un public conquis. Akira & le Sabbat en est, il en valse de contentement. Je capte par l’appareil Valentine, gesticulant. Je la confonds d’abord avec Loïs, croisée lors du set des Burning Heads dans cette même ville. En tous les cas Théa rafle la mise; Rod’ et moi descendons alors dans la crypte, endroit magique, où il me shootera en « tenancier occasionnel » du stand d’Akira & le Sabbat.
Akira admirant Théa/Théa
Dansons sur les murs, donc, et secouons la tête avec Akira & le Sabbat qui impactant, osé et soudé, dépote un melting-pot détonnant et tonitruant. C’est la Poudrière, la jouissance mise en son autant qu’en mots. Pas du chiqué, ni du friqué, mais du pensé et de l’audacieux. Titres-forts et paroles sans chaines, le paire leader bastonne une dualité fatale. Akira galoche, avec la langue, et se gausse de pécher. On le suit, bien volontiers, dans ce qu’il insinue. Le set énergise, galvanise, exacerbe le désir de révolte. On imagine des corps, fondus, fusionnant, ne faisant qu’un. Du plaisir en torrents, du Vice capturé sur VHS. Bordel j’adore, plus tard fleurira un carton hostile à Macron. Akira & le Sabbat, étonnement mature, tient la scène et se met en scène. Sa musique est son manifeste, son entre-genres, elle stimule l’entrejambe et passe à l’acte sans ambages. Ses morceaux perforent, Akira & le Sabbat est un Requin qui à Beauvais comme un poisson dans l’eau brasse allègrement. KLNX pue le sexe, en standard dont on babillera le refrain un peu partouze, pardon un peu partout. Des coups d’œil aux convertis me le confirment, le phénomène n’est ni de tic, ni de toc. On s’y laisse prendre, sans mauvais jeu de mots, sans se faire…prier.
Akira & le Sabbat
Le sextette triomphe, il ne l’a pas volé. Son jeune âge transe sa rage, ses envies de fête, de baiser la défaite. Avec le verbe Akira jongle, d’une pénétrante écriture. L’ Auditorium clignote, en rose et bleu, dans la lumière d’une nouvelle ère. Valentine encore, short de boxe et t-shirt The Wall, dégage quelque chose de fort qui dans ses yeux brille. LA VIE. Ses acolytes sont au diapason. Océan déferle, le raz-de-marée lyonnais recouvre les préceptes d’une suite de décennies vérolées. Veuillez nous excuser messire, nous jouissons. A l’unisson, qui plus est, et dans de grands jets. Les utopies sont de la dynamite, nous voulons faire sauter le mur, rêver et rendre possibles nos futurs. Avec de telles prestations, celle-ci se concluant par un envahissement scénique aux airs de communion insoumise, l’avenir perd de son rance. D’un revers de Kleenex l’affaire est pliée, l’excès à peine gommé. Il perdure. Quand le soleil se couche Akira & le Sabbat met la fièvre, il n’attend que ça et que ça s’arrête pas. Muthafuck my dear, c’était énorme et dédaigneux de la norme.
Photos Will Part en Live, auteur de cet article…