Food Fight est renais, premier avantage. Deuxième bon point, il est dit « power-pop » mais ratisse large, de la pop 60’s au garage en passant par un british beat patiné. Zeitgeist Impressions, c’est son premier LP. Charmant, il twiste quand What’s wrong? le lance. J’en sautille, guitare (imaginaire heureusement) en main. Je chantonne, même verdict. Les mélodies scintillent, les chœurs décorent, dans le mouvement Justicing the deplorables fait valoir une prestance similaire. L’harmonie est de choix, les sujets accostés pas moins. Syndicalisme britannique et irrépressible besoin de justice, l’amour et ses contradictions, ouverture des droits au chômage dans le Yorkshire et en Seine-Saint-Denis, art de devenir doucement zinzin dans le monde moderne ou viles méthodes harcelantes du management néo-libéral sont au menu, (Calling me) Comrade cuisine une trame pop vive et convaincante. A la croisée des temps, Food Fight définit sa place. C.C.T.V file bon train, le chant s’y éraille quelque peu. La mixture Food Fight est faite de saveurs fortes, de mets fins agrémentés d’ingrédients plus piquants. Les guitares s’offrent là une escapade, brève mais rougeoyante.
Tryst in the sun, à l’allant décisif, incisif mais mélodique, a du chien. C’est aussi le cas de The night, la portée poppy du quartette ne cesse d’attraper les fouilles. Food Fight met les petits plats dans les grands, doué et pour certains tatoué il glisse des « cha-la-la » d’antan qui traverseront le temps. On adorera, sûr j’en suis. Döper love, rétro et surtout pas de trop, lui permet de poursuivre sans ombre au tableau. Le groupe schlingue la classe, il est bien mis mais sait aussi fuzzer…et fuser. Shenanigans, énergique, de bourrades en plans pétillants, s’impose. Diantre!, ils sont venus à la Filature, dans ma ville et à trois pas de chez moi, en mai dernier, et je n’en fus point! Comment ai-je pu….heureusement Grand Zero, riffeur, m’arrache à ce regret. Punk, il gratte aux entournures, excellent, sans dédaigner la pop.
©Lucile Le Béchennec
La fin n’est plus loin; Judy la prédispose en revêtant des airs sobres, dans un premier temps, qui ensuite s’animent. Dans la joliesse, ça va de soi. Quel que soit le parti-pris, de toute façon, Food Fight l’emporte. Il a la note juste, le groove racé, distingué, et le verbe qui parle. Making sense trace vaillamment, il m’arrive de penser à Supergrass pour la flamboyance renvoyée. Enfin Unschooled, cavalcade finale virile autant que chatoyante, urgente, borde victorieusement un Zeitgeist Impressions de qualité maxi, à classer auprès des derniers Télépagaille et We Hate You Please Die eu égard au brio démontré.