Projet initié par Antoine Romeo, ex Run SOFA, Beasts inclut aussi Tijl Van de Casteele (drums, percussions and backing vocals) et François Hantson (hybrid bass guitar). A trois donc, les Belges enfantent un vacarme indus/punk-rap bondissant, sous transfusion de colère, que The Shearing fait exploser à la trogne de l’écoutant. A partir du titre éponyme, introductif, amorcé par des voix presque religieuses, vocaux éructés et vagues de basse grasse, batterie élastique s’allient pour tisser une trame insoumise. Ca groove de ouf’, ça pulse et des stridences balafrent la chanson. Deep South, tout aussi massif, légèrement plus « bridé » si je puis dire, où l’on croirait entendre des scratches, enclume un indus possédé. La singularité inonde ce disque, gorgé de hurlements haineux. Pour ma part ça passe crème, Beasts ne fait pas dans la dentelle et malgré ça, attire ostensiblement. Beasts, troisième tentative aussi accomplie que ce qui précède, dézingue tout. On y retrouve sons tarés, chant psychiatrique et flux incoercibles de bass-batt’ imparable. Ca tchatche rap, dans un débit militant.
A la moitié de l’album Same Way, s’il parait poser le jeu, offre une progression lente mais bargeote, zébrée elle aussi de notes malades. Dédié à Caterina Carai (1930 – 2024), The Shearing se joue de la bienséance. Old Pictures, et là je réalise que le chant souvent m’évoque Mclusky ou encore The Jesus Lizard première période, de retour avec le plus bon Rack, filtre des chappes hors de contrôle. Let Them Children Play, volubile, intéressant dans le texte et ce n’est pas son seul fait, tranche une noise cachetée. Il oscille, entre calme relatif et torrent dément. On en vient à la fin, The Fire Inside allume la dernière mèche et en ruades furieuses qu’un Headcleaner n’aurait pas reniées, jette un terme aux dernières giclées malsaines. Validé, sans le moindre atermoiement.