Actif depuis une vingtaine d’années, Anders Trentemøller, originaire de Copenhague, a ce don avéré pour le façonnage d’ambiances. Avec Dreamweaver, nouvel opus qui rêvasse comme il peut heurter, il en fait à nouveau étalage en débutant dans le sucré du chant, au gré d’un déroulé dreamy vaporeux et superbement orné (A Different Light), à l’électro spatiale. L’Islandaise Disa, aux vocaux, sirène la chose. Nightfall, moins figé, tout aussi beau, se dissémine avec la même prestance. On songe à Mazzy Star, ici des vagues de bruit nacré font irruption. Obscur mais musicalement lumineux, Dreamweaver se fait valoir. Dreamweavers, dont les saccades rythmiques marquées bousculent la quiétude, change soudainement de rythme, presque motorik…et entièrement magnifique. On y retrouve, avec délectation, des nappes shoegaze. I Give My Tears, dans la minute qui suit, en fait usage en mode bruitiste. Disa surfe au dessus, son apport est réel. Des notes cold sertissent le morceau, qui parachève un quatuor de début merveilleux.
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Plus loin Behind My Eyes, vivace, lance un shoegaze bordé, à nouveau, d’abords cold et majestueux. La voix s’illustre, remarquable et remarquée. Trentemøller touche à la perfection, la tutoie, livre un Hollow tranquillisé. Aérien, le titre n’est que grâce céleste. Empty Beaches lui fait suite, syncopé, dans une finesse remuante et prenante, brumeuse et griffue. Dreamweaver est addictif, tantôt incisif, joué avec inspiration. In A Storm, entre JAMC et APTBS, un brin The Cure aussi, file avant de couper son élan puis le remet en scène.
Photo Sofie Norregaard
On navigue de pépite en pépite, le terme étend d’abord ce Winter’s Ghost au songe lent. Son inertie nous le rend précieux, ses flux également. Dreamweaver est une réussite complète, Closure en ferme la porte en se faisant, une dernière fois donc, froidement et joliment engourdi. Trentemøller, référence nordique, poursuit sa route en se parant d’un disque splendide, ça et là brusque, en d’autres terres sous éther, d’une teneur tout simplement irréprochable.