(Photo avatar Benjamin Racine)
1.Tu es actuellement impliquée dans -ii- , Fournaise et PRMNTR, ni plus ni moins ! Peux-tu nous dire comment tu en es arrivée à cette activité intense et multiple, et ce que tu fais au sein de chacun de ces groupes ?
Presque haha ! Je suis aussi dans daski, au départ aux claviers et aux choeurs pour troquer d’instrument pour la basse, comme PRMNTR.
Mon premier groupe à vocation professionnelle est -ii- que j’ai co-créé fin 2017 avec Benjamin Racine, le guitariste et producteur de -ii- où je chante, joue du clavier et co-écrit avec Benjamin, également pour Fournaise, où j’ai la basse en plus. Benjamin évoluant déjà dans d’autres groupes dont déjà daski et Tolstoï (office-core, qui n’existe plus) à l’époque, m’avait proposé de rejoindre les deux groupes.
Voulant, depuis mon plus jeune âge, avoir comme activité principale la musique, j’ai sauté sur l’occasion ! D’autant plus que c’était Benjamin qui me le proposait, un excellent et extrêmement créatif musicien, et qu’on a la même vision de la musique. Notre batteur, David L’Huilier, qui joue aussi dans -ii- (oui, on ne change pas une équipe qui gagne !) était très occupé entre 2018 et 2019 et ne pouvait donc plus jouer avec nous. Comme nous voulions continuer à faire de la musique ensemble, avec Alexis, le bassiste (oui un groupe à deux basses ^^), on a créé PRMNTR.
2.Quel est le registre musical de ceux-ci, y-en a t-il un qui constituerait ton projet dominant ?
Pour daski, on est sur du hip-hop noise, un savoureux mélange entre Clipping, Dälek et Ho99o9. Du rock noise psyché pour PRMNTR, pour ceux qui aiment Swans et Chat Pile. Du rockgrunge à la sauce riot grrrl pour Fournaise, et nous restons dans le rock noise – shoegaze avec -ii-, qui devrait plaire aux amateurs de Chelsea Wolfe, NIN, Health et Brutus.
-ii- et Fournaise sont les groupes les plus dominants et actifs car il n’y a en leur sein que des musiciens professionnels, contrairement à daski ou PRMNTR, où les enjeux sont moindres si on peut
dire.
3.Où en sont-ils discographiquement, ces trois projets ? Quels liens fais-tu entre eux ?
A part -ii-, tous ont un album au compteur.
Nous avons un EP de plus avec -ii- et le prochain album est presque fini d’être enregistré! Il sortira à l’automne 2025.
S’agissant de daski l’album est prêt à sortir, il nous reste à planifier sa parution. Ce sont tous des groupes où j’essaye de sortir de ma zone de confort, en perpétuelle exploration et au plus loin dans la ligne artistique du projet.
Photo Marie-d-Emm
4.Que t’apporte le fait d’oeuvrer sur tant de projets ?
J’aime toujours m’affairer à plusieurs choses. Avec ces différents projets qui ne sont pas dans les mêmes esthétiques, je peux étendre mon horizon musical et ainsi poursuivre mon chemin dans l’univers des musiques alternatives, sortir de mon rôle de « simple chanteuse », afin de m’affirmer comme une musicienne à part entière. Et aussi ces différentes formations servent un peu de « laboratoire musical » où des choses qu’on va tester avec daski, par exemple, vont peut-être pouvoir être appliquées dans d’autres groupes et vice-versa. Cela me permet d’être toujours créative sans trop tomber dans la routine.
Ce qui est plaisant avec Fournaise et PRMNTR notamment, c’est qu’on essaye au mieux de « ne plus être musicien » dans le sens où on va vraiment chercher l’intention et ce sans chercher de prouesses techniques et de suites d’accords trop complexes, revenant un peu à l’instinct primaire de la musique. Cela me permet également d’explorer mes limites vocales et les repousser, de proposer du chant clair, saturé, ainsi de la voix de sifflet.
5.Comment en es-tu venue à devenir musicienne, est-ce qu’il y a eu dans ton parcours un élément déclencheur ?
J’ai toujours voulu être chanteuse et musicienne, depuis petite. Je m’amusais à écrire des textes à 9 ans, et quand en CM2, on a fait un spectacle de fin d’année, une comédie musicale plus précisément, dans des conditions professionnelles où on était en costume dans une vraie salle de spectacle, avec des micro serre-tête et une création lumière etc…ça a été la révélation! J’ai eu la chance, aussi, d’avoir des parents qui pouvaient m’inscrire à des cours de musique.
J’ai donc commencé par le piano, mais c’est en chant que j’ai voulu me perfectionner à l’adolescence.
J’étais également au conservatoire en formation musicale et par ce biais là, je faisais pas mal de scène, je composais mes premiers morceaux et j’ai réalisé que c’était ça que je voulais faire : de la scène avec mes propres morceaux. Bien sûr les parents étaient moins enthousiastes et il fallait faire des études pour faire « un vrai métier ». Mais une fois mon master en poche, je me suis consacrée exclusivement à la musique.
Photo Marie-d-Emm
6. Tu résides à Nancy je crois, quel regard portes-tu sur la scène de là-bas ?
Oui tout à fait. La scène nancéienne est extrêmement riche par le nombre de groupes et de genres qu’elle compte. Historiquement, Nancy a toujours été un vivier punk et rock. Aujourd’hui tous les styles sont représentés, du noise au rap, de la pop au funk. J’ y suis arrivée en 2011. J’ai l’impression que c’était après l’âge d’or de la scène nancéienne, qui était très vivante de par un la multitude de clubs qui organisaient beaucoup de concerts.
On mettait facilement Nancy sur la carte avec des groupe comme Kas Product, notamment. Jusqu’en 2014, on a eu la chance d’avoir le T.O.T.E.M., qui était LE lieu alternatif de la région et qui avait un rayonnement international. On pouvait y voir des artistes comme Lyndia Lunch, des performances comme celles d’Olivier de Sagazan. La perte de ce lieu a été un gros crève-cœur pour le milieu du spectacle vivant.
7.N’as-tu jamais pensé à initier un projet solo ?
Si justement héhé ! Cela a commencé en 2023 quand une copine, La Joueuse de Vie, m’a demandé si je voulais rejoindre le projet sur lequel elle travaillait avec une amie photographe à elle, Sophie Fontaine, en tant que compositrice pour un conte photographique intitulé « Les Eaux » où j’ai donc créé le morceau éponyme. J’ai tout de suite accroché à l’univers de Sophie et de la Joueuse de Vie. Ce projet à 6 mains était une vraie invitation à un voyage immersif, poétique, introspectif et mystérieux.
De plus, cela m’a permis de composer une nouvelle fois seule et de m’aider à me sentir plus légitime à évoluer dans la musique, notamment en tant que compositrice, car je remets souvent cette légitimité en question. Travailler sur cette exposition immersive, m’a donné un vrai élan et de la confiance pour lancer par la suite mon projet solo. Il s’appelle donc « Papangue », qui est le nom d’un oiseau endémique de l’île de la Réunion. C’est le nom que j’utilisais quand j’écrivais mes premières compositions à l’adolescence. Avec Papangue, j’évolue dans un style ambiant aux sonorités vaporeuses.