Après 30 ans de silence Galliano revient, oh divine surprise!, armé d’un album solide de bout en bout, taillé dans la matière jaff, funk, dub et bribes soul qui caractérise le projet. Le disque a pour nom Halfway Somewhere, il se décline en dix-neuf plages -dont des interludes- d’un niveau à la Galliano. Brownswood Rockers / Golden Shovel (Somebody Else’s Idea) en lève le rideau sur une trame funk aérienne, dépaysante, qui de suite attire. A peine plus d’une minute, pourtant, et déjà des promesses surgissant que valide le délié Dancin’ Your Own Time et son phrasé presque hip-hop. On joue bien, Galliano qui fut à l’époque considéré comme l’étalon de l’acid-jazz démontre qu’il n’a rien perdu. Limebike Getaway sert de lien, General Rubbish vs The Sportswear Mystics étire un dub-funk lui aussi abouti. La détente inhérente aux Londoniens, loin d’ennuyer, bien misée, ensoleille le terme de l’été. Tottenham à son tour fait le pont, Crow Foot Hustling faisant ensuite dansoter avec ses percus et sonorités cosmiques. Ses guitares le font funker, voire rocker. Puis Circles Going Round The Sun, on prendra au passage bonne note des « liants » nommés plus haut, va bon train sur de la funk à vocaux alliés. On saisit déjà, n’en étant qu’à mi-course ou quasiment, que le rendu se maintiendra.
Ainsi Jazz, sur une cadence galopante, un ornement de choix et c’est là un fait récurrent, honore t-il son intitulé. Volubile, il s’illustre. C’est aussi le cas d’ Of Peace, jazzy et vocalement emphasé, ou encore de l’excellent Move As One…dont les pulsions « fonk » saccadées font sensation. On renoue, c’est une évidence, avec un Galliano en forme optimale. In The Breaks et ses motifs obsédants, histoire d’enfoncer le clou, offre même un brin de gimmicks 80’s fusionnés dans le jazz-funk maison. Le savoir-faire est audible, de partout, sur ce Halfway Somewhere sans travers aucun. 57th Min / Power and Glory se passe de rythme, débite, s’habille avantageusement. Soudainement, il se met à frétiller. Magnifique. Ses chants se doublent, encore, de manière concluante. Ses cuivres lui font peau, Cabin Fever Dub à quelques encablures déroule d’abord -dans le chant- tel les Happy Mondays si si je t’assure lecteur! Sauf qu’ici, la touche Galliano préside avant toute chose.
Le niveau atteint est conséquent, Euston Warehouse narre sur une brève durée mais à l’instar des autres incrustes courtes, marque l’auditeur. En toute fin de performance, Pleasure, Joy & Happiness mue cosmique et, dans le même élan, appuyé. De voix douces, il ferme la marche avec maestria. Halfway Somewhere, bluffant, ravive la flamme Galliano et se truffe de sons malins, de climats dont on n’a pas fini d’explorer les savants contours. Retour plus que gagnant, est-il besoin de le préciser, pour Galliano et sa patte reconnaissable, jamais écornée, le long de cette galette imprenable en termes de valeur(s) déployée(s).