Depuis une dizaine d’années Uniform, trio New Yorkais, assène son son massif, éructé, que ce American Standard déploie en quatre actes majeurs. Sans concession aucune, le nouvel opus débute sur 21.15 de poids indus que des chants alliés hurlés introduisent. Rouleau-compresseur au ralenti, digne d’un Killing Joke, dépaysant de par ses décors, le titre de début écrase déjà nos résistances. Aussi bourru que grandiloquent, il s’étale dans le fracas et donne de la voix avec démence et véhémence. C’est une charge impressionnante, virile et vindicative, qui ne laisse guère planer le doute quant au contenu de la galette. Des motifs plus clairs, plus doux s’incrustent, puis le rythme se débride entièrement. Captivant. C’est ensuite This Is Not A Prayer, à l’orée des 7 minutes, qui dévisse sur de l’indus, encore, cimenté avec l’aplomb des aguerris. Le propos reste appuyé, les penchants opaques et d’un impact déterminant. Guitares tonitruantes, sons en virages serrés achèvent l’auditeur. Et celui-ci en redemande.
Alors Clemency, troisième pilonnage en règle, bulldozer sonore incoercible, vient à son tour déposer sa férocité. Uniform est en pleine forme; Michael Berdan (vocals, synths), Ben Greenberg (guitar, production) & Mike Sharp (drums), soudés, dessoudent. Puissant à l’extrême, American Standard évoque la maladie, mentale comme physique, à grand renfort de morceaux rageurs. Permanent Embrace met un terme à l’attaque, mémorable, sur une cadence franche. Le discours, une dernière fois, se crache. Il existe, derrière la force de frappe du disque, des notes élégantes, pas loin de l’orchestral, qui solidifient plus encore une œuvre forte qui n’a nullement besoin d’en dire plus pour déposer sa marque.