Trois albums tortueux, passionnants. Des lives intenses, à couper le souffle, entre éruptions et trainées psychotropes. J’avais écrit, dans ma précipitation à dépeindre ce Talking Through Repetition, psychotripes. L’essence live des Moines y est restituée, on n’est certes pas face à eux mais d’emblée ils nous capturent, par le truchement d’un Crash bien nommé. Daniel Fox (Gilla Band, Lambrini Girls, Sprints etc…) peaufine le son, sans le dénaturer. Crash donc, soit le fracas, la collision -entre eux et nous, une rencontre salutaire-, pour ouvrir le bal. Stridences indus, noisy, chant plus que jamais hanté. Pulsions incoercibles. Orage sonique, live psychotique. Une expérience, une entrée en matière au final volcanique. Un groupe sans pareil. Post-Post-, ses riffs quasiment funky, son groove là encore irrémédiable. Loopings de sons, d’émotions, de ressentis désenfouis. Des fleurons de chez nous, qui sur les planches donnent tout. De larges griffures, suivies de syncopes enivrantes. A deux titres, déjà, le quatuor rafle le sien. Les chants se croisent, l’unisson est audible. Trois lives déjà à mon actif, dont Beauvais, et j’ai hâte d’à nouveau en être.
Dans cette perspective All That Fall, de fissures en accalmies sous-tendues, psyché comme au bord du gouffre, me happe. C’est en une prise que le tout fut capté, il n’en sonne que plus vrai encore. Psychotic Monks marque, au fer rouge, l’auditeur et l’auditoire. Mon frère hier en fut, Rock en Seine au menu. M’est avis qu’il s’en souvient. L’assaut terminal d’ All That Fall achève une première triplette décapante. smile, imagerie grésille, expérimente, sonne des charges tonitruantes puis délivre son rythme, bordé de vocaux en relief. L’élan se brise, des phases spatiales s’incrustent. L’ensemble se fait presque drone, la voix s’apaise. On est transporté. La fin du titre murmure, sur fond de VHS qui se brouillerait.
C’est alors Décors, d’une durée étirée, qui prend le relais. De finesse en salves intenses, en passages cuivrés libres, il fait à son tour forte(s) impression(s). location.memory, au delà des dix minutes lui aussi, se charge de boucler l’opus. Il obsède, par son bruit. Par ses mots, leur texture. Par ses notes subtiles de piste rouge, dont on pressent l’implosion. Du cuivre derechef, en surplomb d’une trame grondante. Talking Through Repetition, acquérable ICI et comme de coutume chez les excellents Vicious Circle, illustre dans le dense, l’ardent, le passionné et le tumultueux le brio live de ces Psychotic Monks, actuellement en tournée d’été, dont on n’a décidément pas fini de chanter les louanges.
Photos Dario Holtz