Projet commun à Marc Hurtado, connu pour son projet duo ÉTANT DONNÉS créé en 1977, issu de la musicale expérimentale et industrielle française, et Mark Cunningham qui provient lui de la scène New Yorkaise No Wave depuis le tard des 70’s, sous étendard MARS et compilé par Brian Eno dans l’incontournable recueil No New-York, Infini s’écoutera selon ce mode. A l’infini en effet, il décline un psychédélisme hanté, envasé, envoûtant, de ténèbres que la trompette free, les basses et guitares du second nommé englobent alors que les vocaux et sons « expé » du premier cité susurrent dans le fantomatique. C’est magnifique, jouissivement malsain, feutré et perché. Ailes déploie les siennes, obscur, dans un abime de grisaille racée. Le rendu angoisse, captive. Rêve, bien nommé, jazze la nuit et y erre, puis Ame ne vendra pas la sienne, déchiré et sans chaines. Dans le cosmos Infini, passionnant, prend des chemins sinueux. Ici il crie comme Franz Treichler, sur le fameux L’Eau Rouge. Neptune, qui parait éclaircir l’azur, n’en fera rien. Il accentue, au contraire, cette sensation de malaise, de mal-être prenant, d’immersion dans des terrains nouveaux.
Quelques ornières plus loin Rayons, aux motifs proches de la folk, option dark, étire les sensations. Les accroît, même. Aube suit dans une texture bleutée, bleu nuit de préférence, que ses mots ombragent. Infini exige l’immersion, totale, l’abandon de soi, et se destine aux avertis. Souffle nous le dicte, dans des loopings de trompette qu’un vent de sang nappe. Corps s’ évapore, avec classe, dans le ton de l’opus. C’est d’une traite qu’il s’écoute, Uranus l’emmène plus haut encore et il en va de même de l’auditeur si celui-ci n’a pas capitulé. Infini, quoiqu’il en soit, est un trésor de tourment. C’est le rêve d’un perdu, la bande-son d’une psyché aux abois. Fleuve s’y déverse, en eaux troubles vous l’aurez prédit. Infini coupe le souffle.
Peinture transfer Sébastien Vitré (SHVink.)
Pluton, dont on ne revient pas, en étend la portée. Vague et ses sons spatiaux prohibent toute velléité de « redescente », psychotrope à souhait. De ce disque, on ne peut censément ressortir indemne. C’est une expérience, intense, une Chute sans fin. Uni, et c’est son titre de terme, doté de pulsions indus marquantes, le duo élucubre et ce faisant, bâtit en l’occurrence des pièces psychiatriques que de mon côté je ne me lasse pas de parcourir, le répit s’imposant toutefois entre chacun de mes passages afin de ne pas sombrer, corps et âme, dans le sublime puits de perdition que constitue Infini.