CORDERAIDE c’est quatre jeunes darons pris dans la tourmente de l’âge qui décident de sortir du tourbillon grisonnant de l’affaiblissement des membres pour se donner un second souffle. C’est Bandcamp qui le dit, pas moi. Mais à l’écoute, force est de constater que les gaillards (se) dérouillent…et déroulent, sangles bien pendues. Des vestiges, des matériaux, des spectres, leur nouveau forfait, débloque huit titres parlants quand bien même l’intro éponyme, vaguement indus, se montre trop brève pour réellement porter. Qu’importe, les riffs tranchants de Levrier afghan et ses dérapages noisy bien stridents lancent la machine et celle-ci va tourner à plein régime. Chants sauvages, rythme élevé, Français scandé. Ca démarre fort gros, ça s’étale sur six minutes et ça se bouffe comme un Pandemonium de Coleman and Co. Corde Raide vient de Metz, là où ça rigole pas trop. Fort bien, La noire va moins vite mais imprime une trame psyché puis saccadée, entre syncopes bruitistes et accalmies brumeuses. Damned!, on y reste pendu!
A.R.P. et sa durée étendue, son Molière’s language une nouvelle fois éloquent, ses volutes de synthés cintrés, virevoltant, marque d’autres points. Sa basse bondit, il breake dans un fouillis jouissif. CORDE RAIDE construit des hymnes, flirte avec la no-wave, joue un 3 R2 3 cold et post-punk qui lui aussi le crédite de bout en bout. Son verbe est de choix, il a des choses à dire et stimule les pensées. Il y a matière, Corde raide (le morceau) dubbe presque, prog presque aussi mais au final non, dessinant des entrelacs agités et vertigineux. Arbre vert sert d’interlude, narré, étrange et captivant. Enfin N-S-L, très…Parisien (dans le mot, je le précise), alerte et mélodique, un brin ironique, s’en vient terminer l’entremets. Tout y est bon, la collection se tient et se recommandera à tout amateur de sonorités à l’exact opposé des normes.