Gewalt réside à Berlin, il fait sonner sa rage depuis presque dix ans déjà, entre les genres et les ères. Dans un Allemand asséné Doppeldenk, son forfait à sortir après la rentrée, rassemble dix titres turbulents. Et excellents. Indus, électro, post-punk et sons dansables mais irrésistiblement déviants se tirent la bourre, des guitares assassines (SCHWARZ SCHWARZ, en ouverture) font tanguer le navire. Sur la compo en question, des boucles répétées s’attirent les faveurs. Le début promet sévère, dans l’élan EGAL, WOHIN DER WIND DICH WEHT trace une déflagration sans style précis, mais qui n’en manque pas. Indus oui, bien balancée, la chanson valide le potentiel de Linn Drum, Helen Henfling, Patrick Wagner et Jasmin Rilke. FELICITA, qui m’évoque étrangement un tube de Al Bano et Romina Powers, datant de 1982, s’impose follement et sonne lui aussi comme un standard. DAS KANN ICH NICHT, qui quasiment rappe dans le chant, scandé, fera gigoter les masses d’en marge. J’adore.
Plus loin EIN SONNENSTURM TOBT UEBER UNS, où un beau saxo s’invite, joue des tonalités 80’s à sa sauce, donc tarées et bénéfiques. Gewalt traite de l’humanité, il lui fera du bien avec ce disque. Il flirte avec la no-wave, perfore les mouvances, en fait usage pour coucher la sienne. HIER, WO DU STRAHLST, inqualifiable, se poste donc au carrefour des tendances. Fatalement, connaissant Gewalt, il se veut subversif. D’un rock hybride, dont il lâche la bride, il continue à investiguer. JEMAND, après lui, balance une électro dépaysante que zèbrent des traits rock…et pas seulement. Au bout du compte, on s’en amourache d’autant plus que la langue du pays, immanquablement, dope le tout. MONOLOG EINER DROHNE, sur des riffs explosifs, un rythme pas loin du dub et des vagues acides, convainc pareillement.
Rallié, je poursuis l’exploration. TRANS, clippé là-haut, bile du rock, mordant, pour ensuite breaker. Il pulse à nouveau, sans rémission. Gewalt fait un carton, il est par conséquent emballant. NE NE, ALLES GUT, qui boucle son disque, débute doucement, dans des motifs à l’orée du folk. C’est beau. Très vite il se vice, 80’s en mode canaille, sans perdre de sa superbe. Il n’y a plus qu’à réécouter, encore et encore, Doppeldenk, dans l’attente de sa sortie, tout en allant faire le détective sur le Bandcamp des Allemands où de la même manière, nous dégoterons du son largement à notre convenance.