Deuxième album (le premier pour Sub Pop) de l’ensemble art-punk J.R.C.G., mené par Justin Gallego qui officie aussi chez Dreamdecay, Grim Iconic… (Sadistic Mantra) s’amuse à brouiller les pistes, sans arrêt. On le dira arty à défaut d’autre chose mais retenons avant tout son extravagance, parfois déroutante, et son brassage osé. Grim Iconic chargé de déblayer le terrain le démontre, revoyant une trame de brume et de sons fusant sur pas même une minute de durée. 34, plus encore, dépayse et marie sons latins, post-punk aux vagues délirantes qui partent en vrille, chant mélodique et tempo appuyé. Passé le moment de surprise, on adhère. Il vaut mieux, J.R.C.G. n’aura de cesse de nous emmener là peu ou prou ont déjà mis les oreilles. Le morceau vire noisy, totalement perché, en sa fin. Dogear, exotique, tribal quelque part, groove en mode late 70’s/early 80’s, quand pas mal de monde foisonnait d’inventivité. Il braille puis s’adoucit, déviant et concluant. Puis Drummy, syncopé, ne dit pas non plus son genre. Peu importe, l’essentiel est de se faire à ce qu’ élabore Gallego, ici trituré et volontiers changeant. A la troisième écoute, seulement, j’ai commencé à saisir. Et encore…
Liv, minimal, obscur, répète ses motifs. Lui aussi erre, se pare pour le coup d’élans jazzy de traviole. Ca vaut le coup de s’accrocher, l’opus invente et ralliera les persévérants. J.R.C.G. s’en balance des normes, il les bouscule allègrement. Liv déconne à l’envi, au final il captive de par ses élucubrations. La cadence bastonne, les chants (dé)foncent dans l’anormal. Party People (Heaven), qu’on dirait de prime abord ivre, crayonne un décollage psyché de malade mental. Là encore les sons et mouvances s’associent, comme collés à la Glue. Le rendu est lunaire, inhabituel, et on l’aimera pour ça de même que pour sa distance délibérée avec tout tracé connu et soumis.
Junk Corrido, après ça, commence vivement puis brise l’élan, des vocaux tarés surviennent. C’est mélodique et trifouillé à la fois, ça a le don de charmer et ça fait des farces, derechef, en partant n’importe où enfin, pas tout à fait car je reste persuadé que J.R.C.G. improvise avec une charrette de brio. Il a, tout de même, attitré Sub Pop jusqu’à s’y retrouver signé. Cholla Beat, d’un rock incisif, l’avantage au tableau d’affichage. J.R.C.G. marque des points, un pont folky/psyché ponctue cette embardée pas piquée des vers. Enfin World i, sur un peu plus de six minutes free-jazz couinant et soniques à souhait, termine sans plus de raison. Perfect.