A nouveau actif depuis sa reformation, en 2021, le mythique Unwound a le bonheur de voir A Single History 1991 – 2001, sorti initialement chez Kill Rock Stars en 199, renaitre via Numero Group qui se permet d’y adjoindre quelques titres supplémentaires. On bénie l’idée; dès You Speak Jealousy, qui ouvre le chemin, le post-hardcore zébré de noise du trio nous rappelle à quel point il nous est précieux. Stumbling Block suit en courant vite, éructé, pas loin du hardcore-punk. Le plaisir va durer vingt-trois pépites, Crab Nebula en fait partie, vivement syncopé, dans une trame à la Fugazi aux tons changeants. Caterpillar suit en pavé noise agile, Miserific Condition de son côté mord et sprinte dans un fouillis de sons stridents. Eternalux s’en tient à du plus clair, proche du post-rock. Puis il vocifère, nettement plus écorché, alternant les deux options. Unwound est le maître, New Radio Hit le fait riffer sec et déraper soniquement, noisy comme un Sonic Youth. Alors que Broken E-Strings, tiens donc, instaure un boucan crié que Moore and Co n’auraient pas renié. Mais Unwound, on le sait, crayonne ses propres formes.
Ainsi Totality, dans la vitesse, sème t-il un déluge sans appel. Très noise, hardcore, il bruisse sans fin. MK Ultra pose le jeu, dans un premier temps finaud. On se régale. Le morceau commence à gronder, ses chants se vicient. Negated fait de même, réellement hurlé pour ensuite virer au plus amical. On n’arrête pas Unwound. Said Serial enserre son vacarme, à son tour, avec l’aplomb…d’un Unwound. Census reste bridé, sur le fil. Magnifique. Plight aussi, subtil dans les vocaux. Seen Not Heard pique davantage, lancinant pour finalement muer à la noise frontale. La collection est de taille, Mile Me Deaf dézingue un post-punk de premier ordre. Solo Sonata prend ombrage, avec panache, sous de jolies guitares. Galette délectable, A Single History 1991 – 2001 est un recueil bluffant. The Light At The End Of The Tunnel Is A Train, sur dix minutes sauvages aux pulsions variables, vertigineux, l’illustre magiquement.
Pas le temps de souffler, tout s’enchaine sans faiblir. Corpse Pose, au groove fatal, entrevoit la fin sous les meilleurs auspices. Everything Is Weird bouillonne, ne peut se tenir. Gorgé d’hymnes, le double vinyle mérite l’achat, c’est bien peu de le dire. L’écoute le sacre, Torch Song le flanque d’un rock viril. Lazslo et ses soubresauts pleins de classe repaitront l’auditeur, comblé. Behold The Salt, à la toute fin de cette lampée de félicité auditive durable, esquissant un brouillon psyché/flouté, à l’avancée brouillardeuse. Unwound, jamais figé, tourne encore et sur scène comme sur support, intemporel, dégomme comme si l’âge qui passe n’avait sur lui aucune forme d’emprise.