La musique synthétique et hypnotique de Projet Marina évoque la coldwave de The Cure, la techno d’Essaie Pas, les dérives de Tuxedomoon, les oeuvres de Bachelard ou Maupassant. Déjà quand t’as lu ça, t’as plus qu’à te fader l’écoute, illico. Et si ça te tiédit insiste car le son de ce projet, productif, demande que l’on s’en badigeonne. Il est fait d’ivresse, celle de vivre avant tout, et livre douze titres électro, cold parfois, aux mots élevés. D’un bord à l’autre, il débute finement. Les chants s’allient, doux. Au départ ça peut barber, ensuite ça fonctionne et les climats font leur(s) effet(s). Les champs d’asphodèles, trip-hop aussi subtil qu’acidulé, poursuit dans la joliesse. Projet Marina impose ses tons, ses couleurs ou l’absence de celles-ci. Il recourt aux bons sons, malins, et crée ses textures. Doul, à peine plus d’une minute, dubbe et enfume la pièce. Dans son sillage Sommeil chimique, sous produit, sous textes de choix, sous sonorités célestes, ensuite plus grinçant, affirme l’identité de L’Ivresse. On peinera moins, une fois dompté, à s’y plonger.
Fonds-moi, obscur et syncopé, perce depuis la nuit. Fantomatique tantôt, adroitement orné, il ne fait que valider, davantage encore, le style de Projet Marina, dont l’opus éclot chez Cœur sur Toi. Quand l’eau sera décantée, cold et spatial, s’agite au gré de paroles rêveuses. De plus en plus, à l’écoute, L’Ivresse nous gagne et nous permet la fuite. Dalby Dub, psychotrope sonore, ferme les yeux. Kaet, plus noisy, met fin à la torpeur. Projet Marina, sans genre défini si ce n’est le sien, clame ici un spoken word à la Diabologum. Brune et nue (version 2024) se saccade, narre, rêvasse lui aussi, s’insinuent lentement. Sur sa fin, il se fait plus hardi.
A la fin des histoires, ou pas loin, Spafe enfante un space-dub qui réaffirme l’orientation inédite de Projet Marina. Le bruit et la fureur, pas loin de l’exotique, tout de même balafré le temps d’incrustes souillées, creuse ce sillon qui incontestablement, personnalise L’Ivresse. Enfin L’Ivresse justement, éponyme donc, jette une ultime poignée de style, d’identité, floue et sans équivalent précis, qui s’agite sous volutes viciées. Projet Marina, s’il oblige à l’assimilation, tenant en une belle trouvaille pour l’éventuel néophyte, et j’avoue en être, tout en étirant sa séduction auprès des plus familiarisés.