P.Thomas est un personnage fictif. C’est l’alter ego et le nom de scène de Vagelis Makris, membre de A Victim Of Society. Voilà pour le personnage, Grec, qui s’essaye seul à confectionner du son et de ce point de vue, Souvenirs of a Past Life le fait vaciller entre Alan Vega et Tom Waits avec, parait-il, la grâce d’une PJ Harvey. C’est pas faux, après un premier EP déjà attrayant l’album dévoile huit loufoqueries qui aussi, m’évoquent le Bowie qui expérimenta. Fantasmata, sombre et vaguement indus, un peu drone aussi, traversé par des bruits acides, chanté de manière incantée, appelle d’entrée de jeu à la plus grande attention. Blame Me, cold-wave, post-punk, électro et que-sais-je encore, fait lui aussi preuve d’imagination sonore et stylistique. Sur ce terrain décalé, l’Hellène est à son affaire. Education (Is A Multi Billion Industry), perché, psyché, très vite s’emballe sans perdre de sa superbe bizarrerie. Souvenirs de son côté émerge sans hâte, instrumental plutôt céleste.
Créatif, P.Thomas lance ensuite son Streetwalker. A la Vega, avec une maestria quasi égale. Minimal, il fait son effet. Il vrille, dévie, sombre dans une saine folie. A Strange Happenstance, de saccades délirantes, l’y laisse car c’est, indéniablement, sa sphère favorite. Et la plus adaptée. Les synthés débordent, sortent du cadre, et tout le reste avec. Sorti chez les valeureux Inner Ear Records, Souvenirs of a Past Life dédaigne le tout-tracé. A Reminder, spatial, enfume les cerveaux et les fait s’égarer. P.Thomas a tout bon, il rend une copie d’élève doué et hors-champ. Same Old Shore, qui lui met un terme, le fait dans un élan « psychélectro » une dernière fois accompli, assez vif, qui valide l’intérêt récurrent suscité par son album.