Hébergé chez Glitterbeat (ça l’avantage déjà…), Gordan ne laisse filtrer que peu d’informations. Son nouvel opus lui, teinté de trad’ serbe que des grondements sertissent, en font un must total. Barabinska ne nous laisse guère le choix; ses tambours, sa draperie obscure, ses vagues dépaysantes aux vocaux de là-bas attrapent nos caboches. En ornement, des zébrures noise pas piquées des vers. De longues et captivantes minutes de séduction racée. Selo moje, moins bruyant (quoique…) mais tout aussi improvisé, trace des bruits tout de même dirty, soufflant une ambiance pour la seconde fois passionnante. Presque hagard, il prend vie dans un genre encore inconnu. A errer sur le label j’ai déniché, grand bien me fasse, Gordan et ses salves bien à lui. Šara, indus, sauvage comme un Ndox Electrique, bardé de coulées de lave…électrique, justement, fait sensation. The Bell Is Buzzing suit, rythmé dans ses syncopes, incanté comme de coutume par ici. Lui aussi se lacère, se fissure, sous l’élan de passages triturés.
De bout en bout accompli, le disque signe ensuite ce How A Mountain Fairy Divided The Two Jakšić Brothers sur le bord du ravin, qui enfle sans imploser. Merveilleux. Puis Krajiška kontra, dont la montée en impact s’annonce. On y entend, avec délices, des créations cette fois encore barrées, géniales. Les chants, également, laissent leur profonde empreinte. Gordan est inédit, Ne spominji oči plave est bref et minimal mais malgré ça, ne dépare absolument pas, bien au contraire. Enfin O Nikola, d’abord sans rythme, délivre un terme agité, pas éloigné de nos Ifriqiyya Electrique si chéris et eux aussi en marge. Le voyage se prend, il dépose en terres inexplorées et à l’instar de nombreux artistes estampillées Glitterbeat, sacre la différence et le courage de transgresser les carcans.