Actif chez Derby Derby, No Tongues ou l’Onceim, co-fondateur du label Ormo Records, Alan Regardin fait aussi dans le solo et Ritual Tone, constitué de trois plages étendues et presque immuables, le voit expérimenter avec pour ce faire, trombone, saxophone, bugle et orgue positif. S’ensuivent des créations sombres, dronisantes, qui façonnent des climats soit prenants, soit répulsifs pour qui ne consentira pas à s’en couvrir. Il n’empêche que pour le curieux ça vaut le détour et Tones, première immersion s’étendant au delà des seize minutes, aux variations imperceptibles, fige les sens. Prelude en est le prolongement; il ouvre le champ, là encore, de manière lente et à peine décelable. Ritual Tones fend la brume -ou la nuit, c’est selon- en esquissant des formes à la fois incertaines et audacieuses.
L’issue est bien évidemment singulière, ne se cerne qu’après plusieurs passages. En guise de terme Ritual, suivant ce procédé personnel, s’inscrit dans le ton hypnotique de l’ensemble. Regardin n’a que faire des règles, souvent bousculées au sein de ses diverses activités. Aidé ici par Peggy Buard (orgue positif), Alexis Persigan (Trombone) et Gabriel Lemaire (Saxophone baryton), il s’en joue et peut enjouer, défiant les schémas, tout comme il peut ainsi qu’écrit plus haut inciter à décrocher. Toute la vertu, en somme, de ces artistes qui de niche, osent la différence et par ce biais, s’écartent de toute compromission en s’acquittant avant toute chose de leur propre mission.