Bordelais, officiant depuis bientôt trente ans, Seth joue un black-métal furieux et insurrectionnel, médiéval, que La France des Maudits décline dans une approche qui lui revient. Paris des maléfices, dans une attaque aussi percutante que mélodique, beuglée avec rancœur, donne le la. Seth s’abat, sur son monde. Il lutte contre l’oppression, lacère la décadence de son existence. Son black est personnel, ce qui bien entendu le distingue. Et que vive le diable!, tout aussi diabolique (facile), tout aussi intense, noircit encore le tableau. Il y a chez Seth une dextérité, une finesse dans la violence, qui en fait un must. Grandiloquent, il brutalise l’ère. Il cherche, audiblement, à s’en extraire. La destruction des reliques, pavé…destructeur justement, écrase l’auditeur. Dans le même temps, une forme de lyrisme point. La cadence enfle, un break se profile. La fin se magnifie, intense.
Dans la foulée Dans le cœur un poignard, à l’intro subtile, dépose un canevas frontal comme peaufiné. L’ajustement est agile, l’identité de Seth s’illustre ici par neuf. Marianne, presque folk, tranquille, permet une accalmie. Mais Ivre du sang des saints, déferlante à la batterie frénétique, ravive le brasier. Seth, aguerri mais pas guéri, indécrottable, poursuit ses desseins. Insurrection, bien nommé, s’appuie sur cette alternance entre sauvagerie et contours affinés qui concourt à l’impact des Aquitains. Le vin du condamné, à boire précieusement, recourt à son tour à ce procédé efficient. Seth est reconnaissable, en guise de final il reprend Initials B.B. et en offre une version furibarde, blackisante évidemment, majestueuse aussi, qui borde son disque et achève d’en faire un effort à part, qu’il importe de découvrir pour les néophytes comme pour les plus habitués.
Photo andyjuliasd