Le propre du Murmure est qu’à chaque occurrence et malgré une affiche que j’estime trop polie, voire policée, il finit par m’attraper. Inlassablement, depuis 2012 et après ma venue inaugurale en 2007, sur la Grande Marmite au Quartier Morris. Par son lieu, son ambiance, ses gens et ses genres, son air et ses airs, par sa diversité de sons et de population. Il fait bon en être, après l’attendu d’un Elmer Food Beat toutefois assez énergique et l’absorption d’un rosé de bienvenue The Celtic Social Club s’est permis de marier celte et rock, avant que la sagesse -pour moi irritante- d’une Olivia Ruiz qui a cependant assuré le show, et les effluves cool de Pierpoljak, me fassent reculer….direction le stand de bouffe. Là encore, efficacité maximale et me voilà de retour avec sous mes naseaux ces Fatals Picards qui jamais ne m’accrocheront. Les autres êtres, eux, gigotent de bonheur. Je me surprends à hocher la tête, c’est sûrement le rythme. J’aime être ici, à tel point que de temps à autre je trippe sur ces projets avec lesquels je ne suis pas en phase. Patiemment j’attends, après la surprenante musicalité de Neg’ Marrons (on est pour le coup à l’orée de la bonne surprise) je serai bien plus à mon avantage. Je claque des bises, Pascal le local dans ce registre me bat à plate couture. Qu’importe, le Murmure quoiqu’il en soit nous emporte sans qu’on n’y puisse rien.
Elmer Food Beat/The Celtic Social Club
Pour ce faire Ko Ko Mo, d’une prestation féroce et bondissante, rock et concise, signe un set énorme. Le Murmure rocke, c’est pas trop tôt mais avouons tout de même que large, l’évènement a de la gueule. Les deux nantais, acérés, époustouflent la place du château. Leur union est sacrée, leur registre sans creux aucun et il me revigore. Et voilà qu’Asian Dub Foundation, Pakis from London, débourrent une conclusion de très haut vol. Percutants, louvoyants entre ragga, rock, drum’n’bass et dub, les Anglais déflorent la « petite » scène. Derrière moi ça braille de jubilation, à ma droite la collègue danse tout sourire. J’en ai pour mon compte, la doublette de fin voit le vendredi se clore merveilleusement. Je scande certains textes, ADF ça fait longtemps que je me le seringue. Fortress Europe, après une série d’assauts magistraux, étaye encore ce gig indescriptible. Il me faut repartir, trajet léger et dans l’âme, le souvenir d’une première soirée au delà du satisfaisant. Avant ça j’aurait fait le détour, obligatoire, par le chalet du TDC et rebelote ce samedi où avec Gilles, monsieur Cauchy, j’évoquerai 2007, Pravda et consorts, et dans un autre registre Working Men’s Club.
Ko Ko Mo/Asian Dub Foundation
Samedi donc, sommeil court mais félicité assurée. Je recharge la Cashless, au Proxi j’ai fait péter le gâteau Savane Belle France. Fatoumata Diawara ouvre le bal, sa bonne humeur l’honore. Elle Africanise Eu, déjà ouvert à l’autre, à la différence, puis Blankass joue rock avec une ferveur visible. Peut-être pas subversif, mais ça se tient. 7 Weeks lui va faire parler la poudre (en replacement, notons-le bien, de Royal Republic), rock’n’roll bordel! Michel Barbier, maire de la ville, le criera depuis la scène avec à ses côtés, acteur lui aussi majeur, Antoine Paris. J’en profite pour mentionner, itou, Seb’ Godeman, Vahan Atamian et l’ensemble de la superbe équipe qui régit le Murmure. Sergent Garcia, cuivré et hispanisant, rock aussi, lui impose ses couleurs. Pas mal. Niché à Eu, j’oublie tout souci. Matmatah, sous la houlette d’une jeune guitariste sauvage, ne démérite pas. Pas ma came, mais le set est globalement estimable. Une fois de plus l’assistance, définitivement séduite, s’époumone. Je le confirme, au Murmure tu plébiscites tout et presque, presque car j’affectionne un peu trop l’insoumis délibéré, l’entièreté du programme. Le Murmure, t’y viens une fois et dans la foulée il fait foi, élu par tes sens. Sur la route Tank, opus d’Asian Dub Foundation, a fait tanguer le bitume. Je digresse, j’adore ça.
7 Weeks/Blankass
C’est ce samedi aussi le terme de la soirée, avec d’abord les éclatants Orange Blossom et leur trip-hop dépaysant aux poussées soniques déviantes, ornées par un violon cinglé, qui me hissera au ciel. Déjà à la fête en 2007, le combo nantais fait merveille. Spells From The Drunken Sirens, le dernier opus, cimente ce concert hors-pair. Je me permets un nouvel aparté précisant qu’en quête de merch ADF, mon investigation est restée lettre morte. Je m’en remettrai et t’façon, leur live de la veille de la gomme tout regret. Et que dire de celui paraphé par FFF, dans une forme olympique, et sa fusion agitée du bulbe? Ca pète de partout, Yarol riffe comme un possédé et Marco Prince, frontman survolté, bondit sur les planches. J’en rate pas une note, la Fédération Française de Funk explose le Murmure. Concert d’exception, rugissant et funkysant, d’un impact intouchable. Je ne verrai pas Magenta, la fatigue s’accroît mais à l’heure de dévaler la pente d’Eu je défile rassasié, prenant congé d’un Murmure sûr et plus que mûr, référence d’une palanquée de festivaliers eux aussi emplis de jouissance sonore.
Orange Blossom/FFF
Photos Will Part en Live