Mario.D est l’un de nos fleurons, penché sur de multiples projets. Ici en solo, il narre ses affres et au fil des morceaux se sent renaître. Ses déboires, passés au filtre d’une cold-wave variée, adroitement enrobée, s’engagent quand Les jours me mangent, dans des giclées réfrigérées dont le bellot a le secret, se profile. Au fond du puits, il tire pourtant à la meilleure source. Lentement, serti de synthés presque en joie, le morceau nous happe. Son chant est résigné, défait, mécanique. « Et tout se pète la gueule », souffle t-il. Par la création Mario.D, qui s’y entend, cherche l’issue. Un second souffle, quêté dans le son, le mot apposé aux maux. Danzo tra le nuvole, plus cadencé, à danser aussi, convoque des voix d’ailleurs. J’y entrave rien, je sais « juste » que le rendu une fois de plus surnage. Tout comme son auteur. Jolies guitares, une habitude chez lui, couplées aux synthés. Un break, des scories brumeuses. Ces voix qui reviennent, le rythme qui se hausse. De la synth-wave, dirai-je, à la lui-même. Alors, on aime.
La main en sang, on souffre avec jubilation. Mario.D assure et assume, c’est en l’occurrence dans la défaite que le propos s’enracine. Aux abimes plus encore, l’amienois se surpasse, se dépasse, tente encore vainement -pour l’heure- de s’extraire de sa condition. Dans le rendu, il excelle. Son chant s’emporte, comme révolté. La chute, cold et sec, perdu, vient se lier à la liste des réussites. Après Mémoire, mis en mots par ICI, l’homme qui (se?) joue de tout plie un album allégoriquement indispensable. La vie s’y glisse, telle un renouveau, au gré d’une trame à la fois enlevée et nuageuse. Mario Drap s’éveille, fait merveille, brise son élan comme si ce dernier n’était qu’incertain. Ses vocaux virent au léger; les nappes, elles, continuent leur effort de séduction. Le néant, syncopé, presque psyché, trafique les sons et s’élève dans une volute aussi majestueuse que dérangée.
Mario.D poursuit, on le sait très fiable, fragile et gracile, sa sonore résilience. Interlude, aux synthés à nouveau éloquents, en loopings et dans un minimalisme pertinent, se poste en instrumental grisé, grisant, à l’orée du dépaysant. Mario.D peaufine ses abords, Je me sens renaître est à mon sens de ceux que bientôt on entonnera, en live c’est par ailleurs d’ores et déjà plié. Le refrain, répété, appelle à la vie. Humain, on borde l’écoute sur cinq minutes floues, expérimentales, qui forment un élégant brouillon. Le verdict est connu, s’il trébuche Mario.D retombe sur ses pieds et inlassablement, au bout du tunnel, nous délivre le meilleur de lui-même.