C’est à l’écoute de The Cult of Ray, de Frank Black, que je sème ces quelques mots. La soirée d’hier le vaut bien, elle avait pour cadre notre Célestine chérie et proche de ses hublots se produisaient deux formations de valeur. Notre bel Adam, dans un premier temps, Mutant dans l’élégance, en compagnie de ses fidèles acolytes. Puis Suicide Sue, dépositaire d’un malaxage blues-rock/indé de fort belle contenance en directe provenance d’une Belgique décidément prolifique. Among the Living d’Anthrax dans l’autoradio, je trace direction le port d’Aval et gourde d’eau en main, m’apprête à la régalade. Adam, y fait pas du flanc. En trio de talent, il étale ses perles et ces dernières, irradiantes, se disséminent dans l’assistance qui il faut le dire, lui est acquise. C’est mérité, un single lié au prochain EP étaye avec éclat un set Adamesque, ni plus ni moins, qui nous confirme qu’à Amiens on n’a pas à aller galoper outre-80 pour dénicher la vertu. Pop, rock et psyché, tout ça s’imbrique comme sous la truelle du maçon le plus qualifié. C’est beau à entendre, ça fait fermer les yeux comme bouger les nuques et les cœurs en tirent du bonheur.
Adam El Mutant
Raffiné Adam scintille, superbe. Benjamin D’Agresta (guitare/voix) et de Giuseppe Ferrara (guitare lead), épaulés par Thomas Dimmers (Pirhate, Fefeye, Bbung) à la batterie, s’installent. Suicide Sue, soit la pureté rock distinguée, m’évoquera entre autres Elysian Fields. Lancinant ou plus offensif, d’un ressenti qu’on pourrait à l’occasion tâter, psyché, fuzzy, sincère. D’instants trippants à des blues rocailleux comme stylés, de décharges bien senties en trames épurées, Suicide Sue se révèle. Par divers états, il nous fait passer. Son instrumentation est de choix, une jolie dizaine de lingots plus tard il va sans dire qu’à son sujet nous sommes d’avis commun. Au sein d’un seul et même titre cohabitent plusieurs mouvances, assemblées comme chez Adam El Mutant de main de passionné(s). On joue ensemble, dans une union porteuse. Le chant larmoie presque, s’emphase tout autant et des danses ponctuent sa portée. La guitare chlingue le policé, éloquente à souhait. La batterie s’adapte, ajustée, au service de ce tout étincelant. Suicide Sue à son tour s’attire les faveurs, à ma droite une jeune dame m’incite à shooter dans le hublot, « ça doit être trop beau » me dit-elle.
Suicide Sue
Elle avait raison, je parviens même dans ce rond d’eau à capter l’un des musiciens. Grand merci à elle. Le live touche à sa fin, Célestine peut l’ajouter à la cohorte des temps forts qu’en elle nous avalons. En fidèles nous sommes venus, bien loin de le regretter nous irons clamer que sur la péniche il faut en nombre débarquer. Suicide Sue lui, est passé, nous offrant une prestation qui si sa discographie est pour l’heure restreinte, lui autorise de légitimes espoirs. On le salue bien bas, la Belgitude débutée avec les dingos de La Jungle continue à flamboyer. Ce soir c’est Mario D, ça promet une nouvelle envolée mémorable et Suicide Sue peut quitter le navire la tête haute, de son côté, tant son live fut probant et enthousiasmant.
Suicide Sue
Photos Will Part en Live