A ma gauche un collectif noise-rap de Leicester, soit Billion O’Clock. Pour s’y allier Grosso Gadgetto, beatmaker d’en France tout aussi azimuté, reconnu dans le domaine de l’exploration sonore. Verdict de l’alliance, un ASTRO TRAVAIL aux pavés enragés, huit plus un, que DUD assombrit d’emblée sur un flow aussi lancinant que pénétrant. Derrière, une gerbe de sons guerriers. INFLAME fait de même, chaotique, avant de breaker pour ensuite noircir, derechef, ses contours. On devine, derrière les créations, un discours sans tricherie ni optimisme. En phase, de ce fait, avec l’époque en cours. HORRORSCORE, chape inquiétante et incoercible, se charge d’ailleurs d’en illustrer la teneur. L’album sort chez Solium, en K7 messieurs-dames. PIPE DREAMED, pataud, presque « clair » en comparaison du reste mais malgré ça sulfureux, en attise le noir de gris. On sait faire rassurez-vous, les climats s’étirent et l’obscur préside. POTENTIALS, en saccades d’angoisse que traversent des bribes plaintives et/ou sensuelles, s’ajoute à la liste. On entend sur l’ouvrage des tons rock-noise, indus et indéfinissables, par pincées souillées et détournées.
WEATHER CLIQUE, hagard, déblatère sur du minimal. A sa suite c’est l’heure des guests et CRAWL (feat. Vladimir Leanin) rappe en s’enrobant de grésillements. Chez Billion O’Clock comme chez notre villeurbannais, on sait ce que sonner signifie. FLOWERS (feat. Zebadiah Witch), sur six minutes sans hâte, élague quelque peu le plomb inhérent à l’opus. Au bord du psyché, il amène un plus. Enfin BINGO (bonus track), de ses grondements nuptiaux, dub, psychotrope, expérimental jusqu’en son terme, met fin à ce ASTRO TRAVAIL qui pour être entièrement capté, exige foule d’écoutes au bout desquelles la « magie noire » prendra, enfantée par une doublette qui n’a de cesse de creuser sa différence.