Soucieuse d’honorer la scène locale Célestine, histoire de conclure ce mois de juin sans rater sa sortie, invitait ce vendredi deux formations d’anciens au parcours fourni. Caillou-Carton tout d’abord, soit Alexis MacCarton et Pierrot Margerin, détenteurs d’un registre « folk’n’roll » savamment troussé. Puis Sclavine, soit Véronique Sclavine Guillot et son acolyte Laurent Margerin, le frère de l’autre donc. J’arrive tard, série photo oblige, mais encore assez tôt pour avoir à attendre. Ce n’est rien, à l’intérieur des têtes connues commencent à garnir l’habitacle. Dans les enceintes Arthur H, avec Saul Williams, chante Basquiat. Merci Shazam, pour le coup j’avais pas reconnu. La nouveauté Caillou-Carton foule la scène; entre folk et punk, country et folklore dynamisant arrosé de textes à la vie la paire enthousiasme Célestine. Ce son est neuf, il puise dans les ères et se nourrit de l’imagination des deux bonshommes, décidément inspirés. Banjo, guitares acoustiques et harmonica s’entrelacent, sans qu’on s’en lasse, et de l’organe de Pierrot ressort une gouaille touchante. Caillou-Carton fait mouche, en dépit d’un set court il n’aligne que des perles. Les blagues fusent, malgré son talent le projet ne se prend pas au sérieux. Impeccable.
Caillou-Carton
A suivre, Caillou-Carton assure d’ores et déjà. Sclavine va faire de même, dans un rock que le rythme fait pulser sèchement alors que la basse du gaillard, grasse et groovy, et les guitares de sa compagne, acérées, bottent les fesses. Le chant quant à lui oscille, tantôt sauvage tantôt plus mélodieux. Ca passe comme une lettre à la poste, comme un coup-franc de Bernard Genghini, comme un couscous dégusté aux Chasseurs, place du Beffroy (n’allez pas chercher, l’enseigne a depuis fermé ses portes). Vigoureusement les troncs remuent, les trognes itou et l’unisson de Sclavine est aussi visible qu’audible. En fond de scène un drapeau à son nom trône, il m’a tout l’air de couronner la prestation en cours. Un mec filme, il ressemble comme deux gouttes d’eau à notre éternellement regretté Claude, soit Lemmy. Puj’ l’ex-pro de D2 est là aussi, accompagné d’un ami qui arbore un t-shirt Rock is Dead. En v’là une bonne, il rugit à ta face mec! Floriane se déhanche, j’ai avec elle abordé le sujet des longues routes d’Alexis et Pierrot, de Caillou-Carton. Y’avait de quoi dire. Du coup je viens de réécouter, bond en arrière bonnard, Mental Oppression. Si l’oreille est avertie, ça vaut très largement le détour.
Sclavine
Sclavine, lancé, continue à ferrailler. Efficient, il poussera jusqu’à la vingtaine. De titres, pas en termes d’âge. Il n’empêche, le jeunot qui se serait attardé à errer par ici aurait eu droit à sa salve, nourrie, le renvoyant à ses chères études. Sclavine se modère quand ça lui chante, ça lui va pas si mal mais en bons mâles et tout en y associant les Dames, on optera plus volontiers pour ses cadences débridées. A l’arrivée il plie l’affaire, Laurent fait péter les poses, loin du gandin, et Véronique rocke franco. Money or Love le petit dernier, et pas seulement, assure le liant d’un live sans fioritures. Sclavine vrombit, une pincée de Français dans le texte se niche dans sa vive prestation. Le chargeur est vidé, au vu du prix exigé le porte-monnaie n’a pas souffert et le vendredi prend fin en trombe, pas d’eau mais de notes, au son de deux groupes qui méritent l’estime de tous.
Sclavine
Photos Will Part en Live