Performant en live, Parlor Snakes réitère la prouesse sur ce Cut Shadows sulfureux, aux huit titres qu’on retient. La paire Eugénie Alquezar / Peter Krzynowek, soudée, dessoude et fait parler la poudre dans un alliage de férocité et de sensualité, parfaitement conçu. To Begin Again, post-punk surfy, détale pour débuter. Le propos est dark, mutin, subversif. City Burns, qui en appelle au synthétique ou plutôt au synthético-organique, engendre le même résultat, largement au dessus du tas. Parlor Snakes part à l’attaque, sans manquer de style. Les guitares là encore lacèrent, dans le sillage se pointe un Voices à la pop aussi lyrique que grondante. On en arrive, une fois de plus, au summum de ce que l’on peut élaborer. Eyes On The Machine, alerte, dégorge un rock fiévreux un tantinet kraut. Les tendances, chez Parlor Snakes, sont adroitement mêlées. Les sonorités aussi, tout au long du disque.
Birds Don’t Sing, en syncopes nerveuses, reste dans le ton. A aucun moment, on ne sent le fléchissement. Le duo demeure droit, valeureux, idées louables dans le cornet. Cold Hands, cold et rapide, affiné itou, charmeur dans le chant, fait son effet. Il breake, puis se termine. L’éponyme Cut Shadows assure la suite, pesant, pas loin du psychédélisme, du shoegaze encore moins. Il révasse dans une trainée souillée, qui flotte dans l’espace. Rien à jeter par ici, c’est même l’exact contraire et 100 Miles From The Shore, chargé de boucler l’album, s’en acquitte en imposant un rock ombrageux qui ne demande qu’à imploser, aux motifs obsédants. Il reste sur le fil, bridé, mélodieux mais malgré cela ténébreux. Parlor Snakes laisse dans nos fouilles un Cut Shadows exemplaire, souvent volcanique, qui charpente plus encore un parcours déjà largement créditeur.
Photo Jonathan Klugger