Aquaserge s’électrise, un peu plus qu’à l’habitude, sur La Fin de l’Economie. Son spectre reste large, tenu, visité avec l’adresse qu’on lui connait. Le Saut du Tigre, d’un rock au style certain, légèrement surfy, agrémenté de voix croisées, l’ouvre idéalement. Par la suite aucune fuite ni faute, Sommets et sa pop saccadée, un brin stellaire, part s’y percher (je parle des sommets, pour ceux qui daignent me lire). Aquaserge joue, libre. Il glisse du psyché, avec ses sons il fait le polisson. Soline et ses riffs mordants, ses voix plus mélodiques, hésite entre ciel et terre, ancrage et décollage. Ca lui va fort bien. Aquaserge, agile, enchaine d’un Copychat excentrique. Là aussi la piste est brouillée, les sentiers diversifiés. Jazz sans règles, pop et je ne sais quoi d’autre s’imbriquent au service d’un ensemble déconstruit. Je suis Galaxie, qu’on croirait prog’ mais c’est de l’Aquaserge, se prend à filer. Rock certes, mais d’un charme certain sur le plan sonore. Et comme de coutume versatile, volatile, mais jamais futile.
Impeccable, La Fin de l’Economie parle d’un monde où il ne se reconnait pas. Ou plus. A plus, sage, reluit. Jazz un peu, d’un terme qui aurait pu s’enflammer. Il précède Incendies qui loin de mettre le feu, soigne ses décors et vire au joliment rêveur. Avec, bien trouvé, un fond vrillé, un rythme discret mais qui fait tanguer, et des cuivres merveilleux. Voilà alors les guitares ardentes de Miso, cavalcade bien sentie. Post-punk on dira, cru et plutôt direct, le morceau vitamine l’opus. Chez Aquaserge, sons et mots vont de pair…ou pas. LPT, sous les deux minutes, se fend d’incrustes lézardées qui percutent sa quiétude. Tellement parfait. Shoot de Love même verdict, à peine il varie mais complètement il hypnotise.
Troussé avec talent, La Fin de l’Economie s’ Amerikaine au gré de volutes aussi fines que prenantes. Psyché il me semble, tordues, dépaysantes comme il se doit. Concluantes, sauf que la vraie conclusion échoit pour le coup au titre éponyme. Celui-ci se hisse dans, c’est un fait récurrent, des entrelacs collés avec goût. Le verbe demeure fantaisiste, Aquaserge fait l’équilibriste et l’exercice lui sied à merveille. Il en ressort grandi, dépositaire d’un album achevé bien que volontairement « pas fini » dans certains de ses captivants méandres.