Outrage est le nouveau projet d’Alberto Tieri, ex-Silken Barb (formation noise/post rock issue des 1990s, culte). Créé en avril 2022, il nous livre ce Everybody Is Bad In Someone’s Story joué en trio, noisy, jouissivement malsain. Autumn déjà se place en marge, syncopé, ensuite fonceur, chanté sans fleurs. In the lightouse, massif et climatique, enchaine selon la même déviance. Les rythmes varient, en troisième position City lights éclaircit le propos mais malgré cela, post-rock sans l’irritation que le genre peut semer, s’écorche et renvoie de la prestance. Outrage est à son avantage, Father’s preach est vif et vocalement subtil. Céleste, mélodique, il complète l’opus de manière brillante. Morning grey, de riffs patauds en avancée aussi lourde qu’assurée, l’imite et également crédite les trois hommes. Sa fin vire au bruit, on est alors assuré de la valeur de la galette en présence. The sinner cross, sombre et alerte, se charge par ailleurs de nous renforcer dans ce ressenti.
Outrage maîtrise, Cocaine candy oscille entre emphase et phrasés finauds. Là encore, l’issue convainc. Inner might and grace, aérien, flotte joliment. Le savoir-faire s’entend, on évolue en outre sur un panel qui refuse ouvertement l’inertie. Spoon tower, saccadé, lancinant, bourru comme affiné, lance l’avant-dernière salve sans battre de l’aile. Enfin Jupiter falls, au delà des huit minutes, impose un déroulé spatial, feutré dans le chant, aux montées bridées qui le sertissent judicieusement. Il accélère, on appréciera, et prend fin dans un élan qui tout en le bordant, confirme l’excellence d’un album à la hauteur du pedigree de ses géniteurs.